De la souveraineté
Opinion
AbonnéOPINION. Les démocraties se défendent mal contre les démagogues qui manipulent les opinions publiques avec l’aide d’une certaine presse, des réseaux sociaux et des oligarchies, écrit le professeur honoraire à l’Université de Lausanne Pierre de Senarclens

Les partisans du Brexit ont prétendu qu’en rompant avec l’Union européenne, le Royaume-Uni allait retrouver la pleine maîtrise de sa souveraineté, n’étant plus assujetti aux règles juridiques inhérentes à la condition de membre de l’Union européenne. Ils ont ainsi trahi leur ignorance de la doctrine de la souveraineté, dont Thomas Hobbes fut l’un des principaux fondateurs. Son ouvrage de théorie politique, Léviathan, qu’il rédige alors qu’il s’est réfugié en France pour échapper aux désordres régnant en Angleterre, porte sur la nature du lien social et les conditions de son maintien. Une société qui n’est pas ordonnée par un pouvoir souverain sombre dans l’anarchie, situation où l’homme devient un «loup pour l’homme». Pour éviter cet écueil, les individus n’ont d’autre choix que d’aliéner une partie de leur liberté en confiant au monarque la charge d’assurer la paix civile et la défense de leur royaume.