COMMENTAIRE
COMMENTAIRE. Si l’intérêt pour la langue française devait être amené à stagner, voire à diminuer dans le monde, c’est un atout romand qui perdrait de sa force

La maison francophone ne brûle pas encore mais des étincelles semblent apparaître çà et là. La présidence rwandaise de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), un choix perçu comme résultant d’un geste diplomatique de la France, est critiquée par certains pour son inaction et son manque d’implication. Le Rwanda a d’ailleurs accueilli en juin… le Sommet du Commonwealth. Commonwealth qu’ont rejoint à cette occasion le Togo et le Gabon, deux pays très francophones.
Et puis, plus grave, il y a la multiplication de signes de désintérêt pour le français en Europe et au Maghreb, comme nous le montrons dans notre enquête du jour à l’occasion du 18e Sommet de la francophonie qui se tient à Djerba. Un désintérêt qui ne serait pas sans lien avec une certaine perte d’influence de la France dans le paysage international, particulièrement en Afrique.
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S’il devait se confirmer dans les prochaines années que la progression du français s’affaiblit malgré la forte croissance démographique des bassins les plus porteurs de la francophonie, notamment en Afrique, ce signe ne serait pas qu’inquiétant pour la France. Il le serait aussi pour la Suisse romande.
Un ralentissement pourrait se transformer en stagnation, voire en diminution selon certaines projections, ce qui pourrait rendre un peu anecdotique notre langue maternelle à nous aussi. D’autant que les raisons de ce désamour, outre le malaise postcolonial, sont souvent pratiques, l’anglais s’imposant de plus en plus dans les échanges commerciaux et diplomatiques – y compris à l’interne de pays traditionnellement sous influence française, particulièrement au Maghreb selon les témoignages que nous avons pu recueillir et les projections faites sur les jeunes générations. On retrouve les mêmes constats dans certains pays européens qui échangeaient beaucoup avec la francophonie, notamment au travers de l’immigration comme en Italie, au Portugal et en Espagne.
C’est donc un atout de la Suisse romande, notamment par rapport à la partie alémanique du pays dont la langue a beaucoup moins de rayonnement international, qui perdrait de sa puissance. Exemple intéressant des effets d’un éventuel déclin français sur les Romands et sur leurs armes pour sortir du lot dans un monde de plus en plus multipolaire.
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