Sur le front de l’éducation numérique en Suisse, les choses avancent. Jeudi, à l’occasion de la Journée du digital, Thymio devenait le symbole de cette percée de la technologie dans les écoles. Le petit robot va se déployer dans les établissements d’une bonne partie du pays afin d’aider les enfants à programmer. Thymio est carré dans la forme mais rond dans l’expression. Face à tous les prophètes de malheur qui prévoient un monde fracturé entre ceux qui sauront coder et les autres, cette initiative cherche au contraire à créer du lien et à mettre la technologie au plus près des intérêts de l’homme, en l’occurrence des plus petits d’entre eux.

Lire aussi: Un petit robot en mission à l'école

Francesco Mondada, prof inspiré de l’EPFL, a eu l’idée de ce robot il y a douze ans. On peut considérer long le délai jusqu’à son arrivée dans le secteur public, mais le rendez-vous a été honoré. Lors d’une discussion pendant cette Journée du digital à l’EPFL avec les conseillers d’Etat en charge de l’éducation dans trois cantons, il est apparu une ligne de front évidente. Pour la Vaudoise Cesla Amarelle, le Tessinois Manuele Bertoli et le Valaisan Christophe Darbellay, l’éducation numérique apparaît comme une priorité. Les trois ont même prôné une accélération dans le domaine. Mais il faudra des moyens supplémentaires pour former les enseignants et équiper les classes.

La volonté politique paraît indéfectible. Johann Schneider-Ammann, conseiller fédéral, a ainsi estimé jeudi que la numérisation de l’enseignement constituait «l’avancée la plus importante dans l’éducation depuis la mise en place de l’école obligatoire». Qui est le maillon faible dans ce dispositif? Assurément pas les enfants, tous disposés à apprendre par de nouveaux moyens. Les professeurs jouent le jeu à leur rythme et les parents s’angoissent: faut-il plus ou moins de technologie à l’école alors que les patrons de la Silicon Valley sont réputés tout faire pour en préserver leurs enfants durant leurs cours?

Lire également: Le numérique «n’est pas que l’affaire des entreprises»

La technologie fait partie de nos vies et doit s’insérer naturellement à l’école. Ainsi, Pierre Vandergheynst, vice-président en charge de l’éducation à l’EPFL, croit fermement à la pensée computationnelle, soit le fait de réfléchir comme un ordinateur. Cela vous paraît compliqué? «C’est ce que vous faites quand vous additionnez des nombres à trois chiffres et plus!» décomplexe le professeur. Signe que la discussion sur la technologie crée par elle-même du progrès, Javier Iglesias, maître d’enseignement du postobligatoire à Renens, constate que cette fois les jeunes filles viennent en masse assister à ses cours de programmation.

C’est peut-être le gain le plus formidable de la numérisation dans l’enseignement. L’éducation n’a jamais été autant au centre du débat public, selon Pierre Dillenbourg, de l’EPFL. Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO, en est même lyrique: «Que les élèves soient les nouveaux héros du siècle, cela ne peut que donner foi en l’avenir.»

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.