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HYPERLIEN. Des lecteurs n’ont pas aimé les pages spéciales «Les jeunes font «Le Temps» consacrées au climat, le jeudi 3 novembre, et l’ont fait savoir. Eléments de contexte

Nous revenons sur notre numéro spécial «Les jeunes font Le Temps» du 3 novembre 2022, concentré sur les questions climatiques, et qui a sucité beaucoup d'émotion. Sur ce thème vous lirez en regard:
- une contribution de Philippe Nantermod: «Le Temps», un fanzine gymnasien
- une contribution de Grégoire Gonin: «Le Temps», un «fanzine gymnasien»? La culture du mépris
Le concept avait été clairement énoncé, mais peut-être pas assez expliqué: dans ce numéro, les questions étaient posées par des jeunes, eux qui vont vivre toute leur vie avec les changements climatiques, mais c’étaient les journalistes du Temps qui les empoignaient, avec le même sérieux que pour ausculter des résultats trimestriels ou suivre un congrès politique. «La colonisation est-elle à l’origine du changement climatique? Pourquoi se moque-t-on des petits gestes écolos? Nos politiques manquent-ils de connaissances sur le climat? Le capitalisme est-il compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique?» Les titres pouvaient être bruts de décoffrage, reprenant les questions des jeunes; les réponses étaient bien plus nuancées. Vingt-trois articles ont au total été rédigés, dans lesquels une petite trentaine d’experts universitaires ou professionnels sont intervenus. Figuraient aussi dans notre édition «papier» les commentaires a posteriori de certains jeunes, peu habitués à carburer à la demi-teinte; ces contenus étaient clairement identifiés comme des «opinions», s’ajoutant au travail journalistique de la rédaction sans s’y substituer.
Lire notre dossier: Spécial COP27: les jeunes font «Le Temps»
Ce que critiquent les personnes insatisfaites de l’opération qui ont écrit au Temps, c’est le pedigree trop uniforme des jeunes qui ont posé ces questions: selon ce lecteur lausannois, «tous appartiennent à la mouvance antisystème, anticapitaliste, décolonialiste, etc. issue principalement des facultés des sciences humaines, des milieux associatifs et autres adeptes de la décroissance qui veulent nous faire revenir aux «temps heureux» où l’espérance de vie était d’environ 50 ans». Un député PLR a même exhumé un mot des années 1970 pour l’occasion, parlant d’un «fanzine pour gymnasiens» et suscitant une discussion nourrie sur Twitter comme sur Facebook. Par ailleurs, de nombreux éloges nous sont aussi parvenus.
Pas une enquête sociologique
Comment Le Temps a-t-il choisi ses invités d’un jour? Nous avons d’abord sondé les six jeunes Romands qui interviennent déjà dans nos pages tous les mois (leur dernière participation date de samedi), puis avons fait marcher le bouche-à-oreille, en cherchant à varier les profils. Pas assez? Il aurait été évidemment intéressant d’accueillir à la table un fou de fast fashion ou des personnes moins engagées sur les questions climatiques. Mais le but de notre numéro spécial était bien de répondre aux jeunes inquiets des changements climatiques, pas de faire une enquête sociologique chez les moins de 25 ans en Suisse. En fonction des besoins d’organisation de chacun, le résultat a été 12 puis 11 personnes d’accord de donner de leur temps pour évoquer un sujet qui leur importe. Toutes sont en effet soucieuses pour l’environnement. Notre projet étant de répondre aux questions des jeunes, nous avons naturellement écouté les jeunes qui posaient des questions…
Il se trouve d’autre part que, dans ce même numéro du 3 novembre, comme durant toute la semaine du 31 octobre, Le Temps a proposé quotidiennement à ses lecteurs une double page consacrée au débat Croissance/décroissance avec tous les jours, sous la houlette de l’ancien vice-président de la Banque nationale Jean-Pierre Danthine, au moins une tribune écrite par des étudiants du Centre E4S, Enterprise for Society: les jeunes de cette émanation conjointe de l’EPFL, de l’IMD et de HEC ont des profils différents de ceux de l’opération «Les jeunes font Le Temps». Ils ont évoqué avec éloquence sobriété de consommation, recherche de nouvelles solutions pour piéger le carbone, établissement de normes plus vertes… Une vision plus active, moins découragée. Plus compliquée aussi peut-être à apprécier, les observateurs extérieurs étant souvent rapides à dégainer leurs soupçons de greenwashing ou d’auto-promo.
Lire notre dossier: Croissance/décroissance: le débat
Le sujet du climat est différent de tous les autres, car il commande tous les domaines de notre vie, et ne se décline aujourd’hui qu’en termes d’efforts, de changements, de problèmes. Au fond, ces réactions à l’édition du Temps montrent aussi la difficulté (et le besoin?) d’identifier des solutions et des récits positifs face à cet enjeu planétaire. Pour les lecteurs et citoyens de tous âges.
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.
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