A la lecture de ce numéro, j’ai eu l’impression d’un retour dans un monde où l’on assène des vérités. Où le sermon remplace la réflexion. Où le jugement définitif remplace l’analyse nuancée. Petit florilège:
«Le capitalisme détruit la planète, détruisons le capitalisme» (p. 17). Les sempiternelles platitudes de la gauche radicale étudiante. Un militant de la Grève du climat impose sa morale décroissante à coups de banalités et de chiffres faux, invitant à renoncer à l’agriculture et à retourner vivre dans des huttes, sans aucun recul sur les progrès humains du siècle écoulé (p. 2 et 5). Un autre déplore que Charm el-Cheikh soit coupée du monde, trop loin de son centre, vraisemblablement quelque part le long du boulevard de Grancy, alors que son collègue prétend deux pages plus loin que le colonialisme est à l’origine du réchauffement climatique (p. 5 et 7).
Notre dossier : Spécial COP27: les jeunes font «Le Temps»
Ce florilège de naïveté, de certitudes et de sermons n’a connu aucune réplique dans un journal qui semblait s’excuser d’exister. A tel point qu’un de vos journalistes s’est cru tenu d’expliquer pourquoi il ne prenait pas le train pour l’Egypte au terme d’un cours de géographie étrange sur les dangers de traverser les déserts libyens ou syriens (p. 5). Vous vous êtes mis à l’illisible langage épicène sous l’injonction de vos jeunes invités, symbole suprême d’un militantisme dans l’air du temps et malheureusement du Temps, sans rapport avec la question écologique d’ailleurs.
Le Temps était un vrai journal, sérieux, ouvert au débat. Il a perdu la plupart de ses grands journalistes. Aujourd'hui, il devient un fanzine gymnasien.
— Philippe Nantermod (@nantermod) 3 novembre 2022
C'est une perte importante pour la Suisse romande.
Les questions climatiques sont importantes et méritent un traitement sérieux. Nuancé. Rationnel. Qui ne sombre pas dans l’écoanxiété apocalyptique et ne se fait pas le porte-voix de ceux qui détournent les rapports scientifiques pour servir leur propre agenda d’extrême gauche.
La prochaine fois que Le Temps retombera dans ses travers jeunistes, une forme connue de populisme, il serait bon qu’il écoute toute la génération qui ne compte d’ailleurs pas que des étudiants ou des gymnasiens. Selon le dernier baromètre électoral, entre 18 et 25 ans, on vote autant pour le PLR que pour les Vert·e·s. Et le premier parti de cette classe d’âge, majoritairement bourgeoise, est l’UDC. Les plus bruyants ne sont pas forcément les plus représentatifs.