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«Le Temps», un «fanzine gymnasien»? La culture du mépris

OPINION. Les critiques de Philippe Nantermod l’ont insupporté: le lecteur régulier du «Temps» Grégoire Gonin*, par ailleurs historien et contributeur occasionnel, a tenu à lui répondre

© Jehan Kodl pour Le Temps
© Jehan Kodl pour Le Temps

Nous revenons sur notre numéro spécial «Les jeunes font Le Temps» du 3 novembre 2022, concentré sur les questions climatiques, et qui a sucité beaucoup d'émotion. Sur ce thème vous lirez en regard:

Une seule édition du Temps qui fera date (celle du 03.11.2022), prenant au sérieux une génération confrontée à la destruction planifiée de la planète, délaissant la vulgate néolibérale hégémonique, ses impostures et ses oxymores (un spectre infini, du technosolutionnisme à la croissance verte, des «compensations» à la finance durable) et posant enfin des vraies questions, aura suffi à horripiler un conseiller national PLR. Alors même que les réponses apportées demeurent très éloignées de la révolution copernicienne suppliée par l’ONU fin octobre, la fiction (les pires scénarios du GIEC) dépassant la réalité. Au bal des tartuffes, bas les masques pour un parti qui, en 2019, se targuait d’aggiornamento environnemental. Pour mémoire, le 9 décembre 1912, le président radical de la Confédération, Ludwig Forrer, plaidait en faveur de la création d’un parc national.

Notre dossier : Spécial COP27: les jeunes font «Le Temps»

Les étudiants auront apprécié l’élégance du propos, et se réjouissent de comparer leurs résultats au test sur l’anthropocène à celui du député. Ils lui conseilleront peut-être de compléter sa bibliothèque spécialisée ou de consulter des sites tels Reporterre ou Bon Pote.

Il est piquant de voir cet ex-chroniqueur du Temps cracher de manière infamante dans la soupe d’hier sur un énième réseau antisocial laminoir de la démocratie et propriété d’un sacré «philanthrope», où piaffent d’incontinence verbale des geeks en mal d’ego, à coups d’invectives incessantes. En guise de non-contribution au débat dont il déplore la disparition – c’est que le quotidien «a perdu la plupart de ses grands journalistes» –, 204 signes face à la richesse complexe du discours de 29 experts sous la plume de 20 professionnels de talent.

L'avis de Philippe Nantermod: «Le Temps», un fanzine gymnasien

Les gymnasiens se montreront plutôt nostalgiques d’anciennes sommités intellectuelles et humanistes du PLR, tels Jean-François Aubert ou Dick Marty. A la place, le mépris réitéré de la jeunesse, de la presse, de la science, de la démocratie et de la vie sur terre.

*C'est en tant que lecteur régulier du «Temps» que Grégoire Gonin, par ailleurs historien et contributeur occasionnel, intervient ici.