ÉDITORIAL. Le verdict dans l’affaire qui porte le nom du ministre marque le vrai début de la campagne électorale en vue du 7 mars. Chaque candidat doit démontrer en quoi sa présence améliorera le fonctionnement du Conseil d’Etat

La justice genevoise a tranché. Elle considère Pierre Maudet comme coupable d’acceptation d’un avantage dans le cadre du fameux voyage de 2015 à Abu Dhabi, voyage effectué avec sa famille et son chef de cabinet aux frais des autorités locales.
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C’est maintenant au peuple genevois de se prononcer indirectement sur cette affaire qui paralyse la vie politique cantonale depuis bientôt trois ans. L’élu indépendant est candidat à sa propre succession à la suite de sa démission du Conseil d’Etat. Ce verdict aura une influence sur une partie des électeurs, même si d’autres ont déjà arrêté leur opinion lors de la longue instruction.
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La dernière fois que Pierre Maudet s’était présenté devant le peuple, au printemps 2018, il avait dominé les élections cantonales de la tête et des épaules au point d’être élu au premier tour, parmi 31 candidats. L’affaire désormais jugée a révélé une personnalité qui tranche avec celle qui lui avait permis de convaincre au-delà des partis. Il y a trois ans, il était un homme droit, au bilan fourni. Depuis, on sait que ce même homme a menti à tous les niveaux de pouvoir pour préserver ses intérêts et qu’il en a incité d’autres à le faire. L’instruction a permis d’apprendre que non seulement le ministre a fait payer les cotisations dues à son ex-parti par des tiers, mais qu’en plus il a profité de cette transaction pour faire baisser ses impôts. Enfin, son action à la tête du développement économique genevois a été sans éclat, même s’il est vrai que la pandémie complique l’action du Conseil d’Etat dans son ensemble.
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Chacun est désormais libre de faire sa propre évaluation politique de ces faits dont certains persistent à penser qu’ils relèvent strictement de la morale personnelle. Si le corps électoral l’en juge digne, alors il pourra choisir de réélire Pierre Maudet au gouvernement cantonal, charge aux sept membres de trouver un modus operandi pour gérer la crise dans la crise que serait le retour de l’ex-banni.
Ce procès si particulier a écrasé la campagne en vue du 7 mars. Espérons que ce verdict la fasse enfin démarrer et révèle une personnalité fiable. Après avoir erré sur la question de la vaccination, Fabienne Fischer, candidate verte, est affaiblie. Cyril Aellen se montre moins tonitruant en candidat PLR qu’en député, charge dans laquelle on lui reconnaît du talent depuis douze ans. Conseiller national vert’libéral, Michel Matter porte bien un ton différent mais, sans groupe parlementaire, il sera esseulé. Madame, Messieurs, il est temps de montrer en quoi votre présence transformerait un Conseil d’Etat en recherche d’équilibre.
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