OPINION
AbonnéCHRONIQUE. Comparer le rôle de l’exécutif il y a trente ans lors de l’échec de l’EEE et aujourd’hui où les relations avec l’UE patinent montre combien le gouvernement s’est affaibli, faute de volonté claire, argumente notre chroniqueur François Nordmann

L’anniversaire du vote historique du 6 décembre 1992 est célébré par les uns comme une victoire qui a «sauvé» la Suisse, les autres comme une défaite dont nous cueillons encore les fruits amers. Les années suivantes ont été difficiles sur le plan économique – chômage, inflation, arrêt de la croissance –, ce qui a sans doute été un facteur dans l’engouement de la fin des années 1990 pour l’adhésion à l’Union européenne, soutenue par les trois partis gouvernementaux autres que l’UDC. Le Conseil fédéral avait fait preuve d’endurance et de constance en ces temps-là: au lendemain de l’échec de l’EEE, il avait déclaré qu’il maintenait le cap sur l’adhésion à l’UE, en dépit du désaveu populaire. Il affirmait que le scrutin n’avait pas modifié son appréciation de l’intérêt du pays. Sept ans plus tard, il engrangeait deux succès: l’UE consentait à donner à la Suisse à la carte les éléments essentiels du menu que le peuple et les cantons avaient refusé; les partis radical, démocrate-chrétien et socialiste s’engageaient à leur tour sur la voie de l’adhésion. L’UE a accordé à la Suisse un accès privilégié au marché intérieur dès lors qu’elle exprimait la volonté d’en faire pleinement partie.