France
A droite comme à gauche, les politiques tendent désormais l’oreille à la colère des policiers français, soutenus d’abord par la population

Après trois jours de manifestations nocturnes, le ras-le-bol policier en France ne faiblit pas. Et la twittosphère est solidaire: #JeSoutiensLaPolice, #PoliciersEnColere, #jaimelesflics, les internautes s’unissent aux forces de l’ordre, excédées par les agressions dont elles sont victimes, pour dénoncer l’insécurité ambiante. D’abord populaire, le soutien a depuis gagné la classe politique, Front national en tête, mais pas seulement. A droite comme à gauche, les déclarations se multiplient: François Bayrou, Alain Juppé, François Fillon ou encore Manuel Valls tendent l’oreille au cri d’alerte lancé par une police à bout de nerfs.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, quelque 500 agents de police se sont rassemblés à Paris, pour dénoncer leurs conditions de travail. «Bravo à tous les flics dans la rue, ça doit trembler sous les alcôves des salons parisiens, le vrai peuple est avec vous!», salue @theokoles.
Quand le cortège de la police rencontre des passants qui applaudissent. #ManifPolice pic.twitter.com/UtBIXvUMga
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 19 octobre 2016
«Le cortège de la police rencontre des passants qui applaudissent. #ManifPolice», relate Rémy Buisine, qui a filmé la mobilisation en direct sur Périscope. «Cazeneuve t’as perdu, la police est dans la rue!», scandent les manifestants.
#jaimelesflics on ne devrait pas être insulté et blessé quand on fait son travail.
— Seb Sephe (@sirtaki_fighter) 20 octobre 2016
«On ne devrait pas être insulté et blessé quand on fait son travail», déclare encore @sirtaki_fighter, rejoint par @mapcaone: «La peur doit changer de camp».
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Mais des critiques subsistent à l’encontre de manifestations légitimes, mais illégales. «On ne les a pas vus manifester contre les bavures de leurs collègues, dénonce @AnonTunisian. A chacun ses morts.» «Manif non-déclarée de policiers cagoulés en pleine nuit, pendant l’état d’urgence… Vous aussi vous vous sentez en sécurité?», tacle encore @FeizaK.
«Je comprends»
Face à l’émoi populaire, les politiques jouent la solidarité. A droite, on entame son discours par un même «je comprends». Une tentative d’apaisement qui ne convainc pas toujours les internautes. «Aujourd’hui, l’autorité de l’État n’est plus respectée», dénonce @alainjuppe.
#JeSoutiensLaPolice Je veux rétablir l'autorité de l'Etat et de nos forces de l'ordre partout en France pr garantir la sécurité au quotidien
— Alain Juppé (@alainjuppe) 18 octobre 2016
Pourtant, «vous et vos amis de droite avez dépeuplé nos forces de police, lui répond un internaute. Vous êtes tous responsables de cette défaillance.» «Je comprends ces policiers qui ne demandent pas juste des moyens supplémentaires, mais respect, considération, soutien», tweete François Fillon. @NicolasSarkozy en profite pour vanter son programme politique. «Je n’ai jamais vu notre pays dans un tel climat de perte d’autorité générale», déclare-t-il avant de préconiser une peine de prison ferme à chaque fois qu’on touche à un fonctionnaire.
«Policiers abandonnés dans l’épreuve»
Dans une France divisée, en crise, les attaques se sont récemment multipliées. Au cocktail molotov ou aux tirs de mortier. «Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise: l’État poursuivra sans relâche ceux qui s’en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l’ordre», promet le premier ministre Manuel Valls.
Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise: l'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 18 octobre 2016
Hué par la foule, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, et l’ensemble du gouvernement Hollande, sont pourtant jugés responsables. «Ils auront mis dans la rue même ceux qui maintiennent l’ordre… De tout cœur avec nos policiers, abandonnés dans l’épreuve», tweete le maire adjoint de Versailles @fxbellamy. «Quand la réponse de la justice est tellement faible, comment ne pas comprendre les #PoliciersEnColere?», commente encore @Nadine_Morano. Dans une vidéo sur Twitter, Marine Le Pen, charge elle aussi violemment les autorités.
Mon message aux fonctionnaires de police : #JeSoutiensLaPolice pic.twitter.com/fvwAqq2aiN
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 octobre 2016
Contrairement aux rassemblements du début des années 2000, le malaise policier est aujourd’hui amplifié par les réseaux sociaux. Filmées et commentées en direct, les manifestations deviennent un terrain prisé. Des revendications comme des campagnes politiques.
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