ÉDITORIAL. Déjà affaibli sur le plan intérieur, le président démocrate tente d’inverser le rapport de force dans la crise ukrainienne. La moindre reculade face à la Russie serait perçue comme un signal de faiblesse par la Chine

Vladimir Poutine pouvait-il espérer mieux? Dans la guerre psychologique qu’il mène avec les Américains à propos de l’Ukraine, il fait face à un président affaibli, qui peine à résorber les divisions au sein de son propre pays et cherche désespérément à «restaurer l’âme de l’Amérique». Et désormais, alors que Joe Biden tente d’inverser le rapport de force en mettant en alerte 8500 soldats américains prêts à renforcer les troupes de l’OTAN, voilà que les Russes en profitent pour l’accuser d’«hystérie» et d’«exacerber les tensions».
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La crise ukrainienne vient s’ajouter au panier de difficultés déjà bien rempli de Joe Biden. Le démocrate doit affronter une année cruciale, avec, en novembre, les élections de mi-mandat qui, historiquement, sanctionnent le parti du président au pouvoir. Retrait catastrophique d’Afghanistan, pandémie ou encore inflation galopante pèsent sur son mandat et le font plonger dans les sondages de popularité.
Il vient d’essuyer un revers devant la Cour suprême, qui rejette l’obligation vaccinale qu’il voulait imposer aux entreprises de plus de 100 salariés. Et d’ambitieuses réformes sont bloquées au Congrès à cause de l’attitude obstructionniste de sénateurs de son propre camp. A cela s’ajoutent la féroce opposition d’un Parti républicain cédant aux sirènes trumpistes et les capacités de nuisance d’un prédécesseur qui estime toujours que le scrutin lui a été «volé». Et voilà qu’il est mis à rude épreuve à propos de l’Ukraine.
L’enjeu est majeur: il en va de la sécurité de l’Europe et de l’image de leadership des Etats-Unis. Pékin a toutes les raisons de scruter le bras de fer avec Moscou avec beaucoup d’attention. Or si Biden promet à Poutine des sanctions d’une ampleur «jamais vue» en cas d’invasion de l’Ukraine, il a aussi commis une bourde en évoquant de possibles hésitations des Européens en cas d’«incursion mineure». Dans un autre registre, il a déclenché un flot de critiques en traitant, lundi, un journaliste de Fox News de «fils de pute», un excès de langage que Trump ne renierait pas. Au point qu’il a ensuite personnellement dû appeler le reporter pour s’excuser.
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Pour Joe Biden, ce n’est pas le moment d’exposer ses failles et ses faiblesses. Prêter à ce point le flanc aux critiques entache sa crédibilité. Il a beau hausser le ton face à Poutine ou attaquer avec virulence Trump (sans jamais le nommer), il apparaît surtout comme un président aux abois, sur la défensive. Il ne lui reste plus que quelques mois pour espérer redresser sa présidence.
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Il y a 3 mois
Valérie, votre point de vue est déjà vieux. Il semble que vous trouvez plaisir à déceler les faiblesses de Joe Biden mais ne dites rien de celles de Putin. Hier, sans qu'aucune mesure de rétorsion soit encore en place, le rouble s'est dévalué de 20 % et la bourse de Moscou a perdu 16 %
De quoi donner des frisons dans le dos de l'autocrate du Kremlin.
Il y a 3 mois
Très bon article. En passant, ce serait intéressant de relire l’histoire de la Crimée. J’ajouterais que la Russie a été éconduite, lorsqu’elle frappait aux portes de l’Europe et de l’OTAN. L’Europe avec la Russie auraient véritablement constitué une grande puissance que certains ne voulaient pas. Et aujourd’hui, nous sommes à nouveau dans une guerre froide . Dommage!
Il y a 3 mois
En fait la guerre à bel et bien débuté , comment ?
Et bien la première cible était l'appareil d'état et ses ministères et avec toutes les données des citoyens Ukrainiens piratées, et publiées...
Ensuite on passera sûrement à une escarmouche à la frontière entre l'Ukraine et la Crimée ou un missile atterrira côté Crimée et les Russes passeront à l'offensive pour se défendre, bien évidement...