Publicité

Pour un dépistage des maladies chroniques dans les pharmacies

OPINION. Les pharmacies sont des lieux de passage incontournables. Pourtant, elles sont peu utilisées pour le dépistage de maladies chroniques, regrettent Patrick Saudan et Christine Bouvier

La stabilisation des coûts de la santé passe avant tout par un dépistage plus précoce des maladies chroniques, écrivent Patrick Saudan et Christine Bouvier. — © Dominic Favre/Keystone
La stabilisation des coûts de la santé passe avant tout par un dépistage plus précoce des maladies chroniques, écrivent Patrick Saudan et Christine Bouvier. — © Dominic Favre/Keystone

Les maladies chroniques deviennent un fléau mondial puisqu’elles concernent 75% de la population âgée de plus de 65 ans qu'elles entraînent par leurs complications, en plus des souffrances des patients, une charge très importante tant financière qu’en termes d’utilisation de ressources humaines de nos systèmes de santé.

D’ailleurs, 80% des coûts de la santé sont dus à ces maladies telles que le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, respiratoires et les cancers et la moitié pourrait être évitée par un mode de vie plus sain (OFSP 2012). Parmi elles, l’obésité et le diabète sont de plus en plus fréquents et concernent respectivement 15 et 5% de la population suisse.

Impuissance des médecins

Les médecins sont souvent confrontés à une certaine impuissance à ralentir ou même à inverser le cours de ces maladies, car les patients arrivent bien trop tard entre leurs mains. Idéalement, une intervention bien plus en amont permettrait de diminuer la fréquence et les conséquences graves de ces affections. Si des associations comme celles du diabète ou de sociétés médicales font des campagnes de dépistage, le réseau de nos pharmacies de quartier est à notre avis sous-utilisé.

Rien qu’à Genève, environ 200 officines sont répertoriées. Celles-ci sont des lieux de passage fréquents où se mêlent malades, mais également des personnes encore bien portantes mais sujettes sur le long terme à développer une maladie chronique. Certaines pharmacies se sont associées avec des sociétés médicales pour proposer des bilans de santé qui incluent entre autres la mesure du poids, de la pression artérielle et de la glycémie ainsi qu’un questionnaire pour déterminer les facteurs de risque cardiovasculaire.

Piqûre au bout du doigt

Ces bilans de santé coûtent environ 50 francs et sont peu usités et surtout ne sont pas généralisés à l’ensemble des pharmacies. Un dépistage précoce des patients en surpoids, des patients hypertendus ou des patients risquant de développer un diabète nécessite de mesurer le poids, la pression artérielle et l’hémoglobine glyquée, ce qui s’effectue avec une simple piqûre au bout du doigt. Ce test peut déceler la présence d’un pré-diabète ou d’un diabète encore peu symptomatique et il ne nécessite pas d’être à jeun.

Ce simple bilan permettrait de dépister des patients à risque. Il devrait être complété ultérieurement par d’autres analyses qui pourraient être effectuées dans les cabinets de médecine de premier recours. Une généralisation et une standardisation de ces bilans dans nos pharmacies permettraient de développer une collaboration efficace entre les pharmaciens, les médecins de premiers recours et, ultérieurement, les services médicaux spécialisés afin de diminuer la survenue et la progression des maladies chroniques, car ces patients sont souvent également à risque pour d’autres maladies, qui seraient également décelées plus précocement.

Stabilisation des coûts

Qui financerait de tels bilans s’ils étaient généralisés dans les pharmacies? Un changement de paradigme dans la prise en charge de la santé, avec un financement accru des mesures de détection et de prévention des maladies chroniques, nécessiterait une participation de nos caisses maladie et de l’Etat, tant fédéral que cantonal, dans la mise en place de cette politique.

La stabilisation des coûts de la santé passe avant tout par un dépistage plus précoce des maladies chroniques à leur début. Un partenariat plus développé entre tous les prestataires de soins et une amplification du rôle des pharmacies comme lieux privilégiés pour cette politique de dépistage pourraient y contribuer.