Les Suisses sont appelés à se prononcer, le 13 février, sur le bannissement de la publicité pour le tabac destinée aux mineurs. Or, de nouveaux produits vantés sur les réseaux sociaux passeraient entre les mailles du filet que les initiants veulent tendre

La protection de la jeunesse est un but noble avec lequel on ne peut être qu’en accord. En Suisse, la prévalence de la cigarette est de 27%. Ce taux reste stable. Il n’a pas baissé malgré l’apparition de la cigarette électronique, ces dernières années. Avec l’augmentation de la population, cela signifie que les fumeurs, en Suisse, sont toujours plus nombreux. En 2020, les ventes de cigarettes ont augmenté de 4%. On peut estimer à 200 000 le nombre de nouveaux consommateurs d’un produit dont on sait qu’il provoque beaucoup de décès et qu’il coûte des milliards aux caisses maladie et à la société dans son ensemble.
Comment ne pas vouloir préserver les enfants en ne les exposant pas à cette menace? Le problème de l’initiative «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac» sur laquelle les Suissesses et les Suisses devront se prononcer le 13 février prochain, est cependant qu’elle est en même temps radicale et inefficace.
Interdictions unifiées
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Le texte va en effet très loin et bannit toute possibilité de faire de la publicité pour des produits contenant du tabac si elle est accessible à des mineurs. Aujourd’hui, la loi interdit déjà la promotion directe lors d’événements et dans des publications destinées aux jeunes. La distribution d’échantillons gratuits aux moins de 18 ans est également prohibée. Plusieurs cantons, dont Fribourg, Genève, Vaud et le Valais, sont allés plus loin et ont étendu cette exclusion aux annonces dans la rue, dans les cinémas (Genève et Valais) et au parrainage d’événements culturels et sportifs (Valais). Le contre-projet indirect proposé par le parlement a l’avantage de légiférer pour la première fois au niveau fédéral, en unifiant l’interdiction de la publicité sur les affiches, dans les cinémas et lors de manifestations sportives. Les dispositions cantonales plus sévères restent naturellement en place.
La riposte parlementaire interdit également la vente de produits contenant du tabac aux jeunes de moins de 18 ans. Aucune réglementation unifiée n’existe actuellement en Suisse sur ce point. Les initiants jugent toutefois ces dispositions trop laxistes. Ils tiennent à exclure la publicité tabagique d’internet également. C’est cet appétit qui menace pourtant de rendre leur texte inopérant.
Fumée dans les préaux
De nouvelles cigarettes électroniques font fureur dans les préaux. Jetables et ludiques, elles visent spécifiquement les jeunes. Or, leur promotion se fait via des réseaux sociaux qui ne sont pas basés en Suisse et par des influenceurs aux audiences planétaires. La mise en œuvre de l’interdiction proposée par l’initiative va se révéler problématique, pour ne pas dire impossible, concernant ces produits, véritables fabriques à fumeurs. Ce texte ambitieux manque ici sa cible.
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Il y a 3 mois
Il existe des moyens fiables et efficaces pour limiter la publicité en ligne, sur la base de la région du visieur. Les mastodontes d'internet GAFAM doivent se plier aux lois locales et offrir ce type de contrôle. Si l'initiative était acceptée, c'est pas l'application du contrôle de la publicité en ligne qui fera problème.
Il est discutable d'interdire le marketing dans notre système néo-libéral, et cela pour des questions de santé. Mais si ce prédicat est accepté, alors par extension les mesures restrictives de la pandémie devrait être annulée.
La liberté de vivre dans une société qui valorise notre santé et la protège devrait prévaloir sur celle d'un marché sauvage sans régulations.
Ensuite vient la question de savoir si la raclette est bonne pour la santé...
Il y a 3 mois
Quid de l'interdiction de la pub pour des produits nocifs comme une fameuse pâte à tartiner aux noisettes ou les boissons "cola" et similaires? Les victimes sont bien plus jeunes que celles du tabagisme... sans parler des dégâts causés à l'environnement pour leur production!
Il y a 3 mois
Puisqu’on n’a que peu de chance de règlementer internet, autant ne rien faire au niveau local non plus. C’est un argument, ça? C’est en partie comme ça qu’on est passé à côté de la loi CO2 (et de bien d’autres): puisque la loi (ou l’initiative) ne va pas assez loin, ne faisons rien.
Il y a 3 mois
Les géants d’internet doivent se plier aux lois de chaque pays.
La mise en œuvre d’une restriction géographique ne pose aucun problème, cela ce fait déjà dans d’autres pays.
Je ne vois donc aucun problème à ce niveau là.
Quand aux cigarettes électroniques, en particulier celles jetables, sont non seulement dangereux pour la santé mais nocives pour l’environnement.
Les piles et accumulateurs contiennent des métaux lourds ainsi que de nombreux produits chimiques dangereux.
Comme les mégots de cigarettes elles serons jetés n’importe ou dans la nature, forêts, lacs etc., en polluant notre l’environnement et notre l’eau potable.
Avoir autorisé la mis sur le marché d’un produit aussi dommageable est juste irresponsable.
Mais voilà, dans notre société ultra liberale, au nom du libre commerce, ont peut faire du fric à n’importe quel prix et tant pis pour l’environnement et la santé humaine.
Il y a 3 mois
Vela ne sert à rien n'est-ce pas? Quand le ministre de la santé vient dire qu'il est contre... on n'à que ne rien faire donc...