C’est la nature, tout virus produit des variants. Pour le Covid-19, les virologues observent environ deux mutations par mois. Mais ils ne surgissent pas du néant. Ils apparaissent dans un environnement où le coronavirus est déjà très actif. C’est le cas en Afrique du Sud, qui en a déjà vu naître deux. Le premier en avril 2020; le deuxième qui commence à se déployer et met la planète en émoi.

Lire également: L’ombre d’Omicron plane sur le monde

L’Afrique du Sud est officiellement le pays du continent le plus touché par le Covid-19. Jeudi, il totalisait 2,9 millions d’infections et 89 770 décès. Les autorités ont saisi d’emblée l’ampleur du risque pour ses 60 millions d’habitants. Elles ont été parmi les premières à s’engager dans une campagne de vaccination.

Pretoria a commandé 1 million de doses du vaccin AstraZeneca, fabriqué sous licence par le Serum Institute of India, livrables en janvier 2021, puis 500 000 pour le mois suivant. L’Afrique du Sud payait alors la dose 2,5 fois plus cher que les pays européens, mais c’est une autre affaire.

Une course inégale aux vaccins

Le pays n’a pas lésiné sur les moyens pour protéger sa population alors même que l’économie était à terre après des confinements successifs. Mais au printemps dernier, alors que la course aux vaccins est engagée, son fournisseur indien, aux ordres de New Delhi, cesse ses exportations pour répondre aux besoins intérieurs. Le système Covax, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – dont le but était de mobiliser des fonds, d’acheter et de distribuer des vaccins aux pays à bas revenus et qui se fournissait, lui aussi, en Inde –, tombe en panne pour la même raison. L’Europe et les Etats-Unis avaient quant à eux réservé tous les vaccins de Pfizer et de Moderna, parfois deux ou trois fois plus que leurs besoins réels, et interdit toute exportation.

Et encore: Brevets sur les vaccins: une question d’égalité et d’humanité

L’OMS n’a cessé de mettre en garde contre l’accumulation de vaccins par les pays riches. Avec un message clair: personne n’est à l’abri du Covid-19 aussi longtemps que tout le monde ne l’est pas. En vain. C’est ainsi que l’Afrique du Sud, mais aussi l’Inde, le Brésil et sans doute d’autres pays sont devenus des terreaux fertiles pour l’éclosion des variants.

Variants sans frontières

C’est dans ce contexte que l’Afrique du Sud et l’Inde avaient déposé une motion auprès de l’Organisation mondiale du commerce, demandant une dérogation temporaire sur les brevets des vaccins. Objectif: augmenter la production et protéger le plus grand nombre de personnes et ce, le plus rapidement possible. C’était en octobre 2020. Une année plus tard, la motion en est encore à la case départ.

Face aux risques liés aux nouveaux variants, l’accès aux vaccins demeure une urgence. Dans les pays riches, le taux de vaccination est de 70%. En Afrique du Sud, il est de 40% et un grand nombre de pays, notamment en Afrique, ne dépassent pas les 5%. Ces risques sont donc bien réels. Si les vaccins peinent à franchir les frontières, les variants, eux, sont de redoutables globe-trotters.