ÉDITORIAL. Malgré une série d’affaires, le président Emmanuel Macron refuse de s’exprimer sur la question des violences policières. Plus grave, son gouvernement nie leur caractère systémique. Une posture qui pourrait briser la cohésion nationale

Des hurlements de douleur. L’homme passé à tabac jeudi par des policiers, dans le nord de Paris, secoue un gouvernement français amorphe sur la question des violences policières. Cette brutalité se propage pourtant sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. Les images donnent la nausée à toute une nation, sans susciter de réaction étatique à la hauteur de la crise. La stupéfaction collective semble se heurter à la lourde grille du palais de l’Elysée, le président Emmanuel Macron refusant de s’exprimer sur le sujet. A peine apprend-on, par le biais de la presse française, son émotion suite à l’agression inqualifiable du producteur de musique.
Lire aussi: En France, la violence policière de trop
Les faits de violence ou d’abus lors d’une intervention des forces de l’ordre s’accumulent. Chaque cas problématique est examiné, documenté, prouvé par la presse, mais rien ne semble pouvoir faire fléchir l’exécutif, qui ne cesse de nier le caractère systémique des violences policières. Un aveuglement coupable. Les agissements d’une minorité jettent l’opprobre sur toute une profession, en première ligne face à la crise sociale et la menace terroriste. Sans une reprise en main rapide, c’est l’image de la police française qui sera durablement écornée. Sans l’ouverture d’un débat national, c’est l’image du pays des droits de l’homme qui se trouvera abîmée.
Emmanuel Macron aurait-il cédé à un calcul électoraliste au détriment de l’Etat de droit? La question se pose en plein débat sur la loi sur une sécurité globale, jugée liberticide par une partie de l’opinion. Deux jours avant sa victoire à la présidentielle, il tenait un tout autre discours, promettant d’être «intraitable» face aux dérives du maintien de l’ordre.
«Il faut qu’il y ait une responsabilité policière et administrative quand il y a des comportements déviants», affirmait-il alors. La responsabilité politique semble aujourd’hui la grande absente de son action. En acceptant la nomination de Gérald Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur, le chef de l’Etat espérait séduire une partie de l’électorat conservateur. Il risque désormais de susciter le désamour de sa base modérée, écœurée par l’intransigeance de l’exécutif. La France, prise de convulsions, a plus que jamais besoin d’apaisement.
Lire encore: Avec Gérald Darmanin, la police fait face à la justice
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Il y a 1 année
Comment la France pourrait-elle encore prétendre étre la Patrie berceau de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, quand ceux qui ont la charge de veiller au strict respect de la Loi, agissent comme des hors-la-loi.
Il y a 1 année
???? Vous avez manqué un épisode. Le Président a bien réagi, et très fermement, à ces évènements déplorables! Ceci n'est pas du journalisme, c'est un pati-pris scandaleux.
Il y a 1 année
In reply to (sans sujet) by Bernard COSTE
Bonjour, merci de votre remarque. Vous avez raison, le président français a publié un long message sur les réseaux sociaux quelques heures après la publication de notre éditorial. Il écrit que «la France ne doit jamais se résoudre à la violence ou la brutalité, d’où qu’elles viennent», sans jamais évoquer le caractère systémique des violences policières, point abordé dans l'article. Le chef de l'Etat attend par ailleurs des «propositions» de son gouvernement pour rétablir le lien de confiance entre les citoyens et la police. Les prochaines semaines permettront de clarifier cette volonté, notamment sur la nature des mesures et l'ampleur des moyens accordés à cet enjeu crucial pour le pays.
Il y a 1 année
Si Macron a réagit, c’est qu’il y était contraint par les circonstances qu’il a lui-même créées !
Il ne sait toujours ni gouverner ni gérer les crises ni nommer les bonnes personnes ...
La 5ème république est tellement archaïque... elle était faite sur mesure pour un personnage disparu auquel ses successeurs essaient vainement de ressembler ...
Il y a 1 année
La France a perdu son sang-froid ! La bavure policière aussi spectaculaire que révoltante en est une illustration saisissante. L’enchaînement des événements sous l’objectif implacable d’une vidéo surveillance est digne d’une série élaborée. Et la fin ! C’est une sorte d’apothéose: les trois policiers énergumènes toujours à la manœuvre sont rejoints en pleine rue par une vingtaine de leurs collègues qui sans même demander plus d’explication viennent prendre part au lynchage en leur prêtant main forte. Ils y a alors plus d’une vingtaine d’uniformes sur la voie publique, des armes braqués et pas un seul responsable pour se demander quel est le motif de ce déploiement de force. Le phénomène de meute....Le rapprochement avec le climat politique actuel en France est saisissant. Plus de sang-froid. Pas de recul. Plus d’autorité. La haine est a l’œuvre....
Il y a 1 année
Qui doit encore être surpris par ces ignobles agissements d'une police gangrenée par le racisme et jouissant d'une impunité notoire? Toute la chaîne hiérarchique doit en répondre dans un état de droit qui se respect! Hélas, ce pays a libéré la "bête immonde" qui est le fond de commerce des partis extrémistes de droite.
Il y a 1 année
Le recrutement et la formation des futurs « policiers » et des « gendarmes » posent problèmes (souligné par les médias français) et cela se ressent au niveau des chaînes de commandement. Le jeune et brillant ministre de l’intérieur Darmanin (38 ans) est constitutionnellement responsable de ces deux organisation, mais coiffé par le premier ministre et le président. La parole « dominante » de ces 3 voyous représentants les forces de l’ordre sont incohérentes comparées a la réalité des images et des paroles de la victime. Macron, son gouvernement et le parlement vont devoir prendre des mesures exemplaires.
Il y a 1 année
Malheureusement l'auteur a oublié ou n'a pas voulu préciser que le victime était de couleur noir. Les Média mainstream dont LeTemps en fait partie contribuent eux aussi à leur tours dans le dérive autoritaire. Il faut que ce gendre de scène se produisent et qu'ils deviennent virale pour qu'il y ait en fin un critique très diplomatique mais quand il s'agit d'un musulman, letemps fait partie des premières à se servir des mot bidon telle que islamisme donner une impression négatives des musulman. Pour référence je vous invite à comparer le nombre d'article à charge de Tariq Ramadan et à sa décharge.
Il y a 1 année
In reply to (sans sujet) by Sina Fakheri
Bonjour, merci de votre message. L'éditorial est accompagné d'un article qui revient sur les faits. La couleur de peau de la victime ainsi que les propos racistes qu'elle assure avoir entendus lors du passage à tabac sont évoqués. Le voici: https://www.letemps.ch/monde/france-violence-policiere
Il y a 1 année
C est honteux. En plus en cette période ou la police de france doit controler tout et n importe qui, ca fait peur. Franchement c est difficile d avoir de comprendre ce déchainement surtout en cette période ou on demande au peuple francais des efforts énormes. Nulle ce comportement, et ce gouvernement aussi. Heureusement je vis en suisse...
Il y a 1 année
Comme d'habitude, depuis que le "Temps" est devenu la filiale spirituelle du "Monde", tout ce qui représente l'autorité de l'état est constamment et systématiquement critiqué. Vos nouvelles sources d'information sont les réseaux sociaux bien représentatifs de l'abaissement de la France .
J'espère que votre nouvelle direction recentrera votre travail de journaliste et vous incitera à faire un travail en profondeur plutôt que superficiel. Prenez exemple sur vos confrères de la NZZ qui sont d'authentiques pros.
Il y a 1 année
Bonjour
Ce qui est frappant et choquant à la fois, c'est que les mêmes bavures se répètent et qu'il semble que rien ne change. Une noyade à Nantes, un brave homme noir roué de coups, des personnes sorties de leurs tentes brutalement, des dizaines de personnes éborgnées par une arme qu'aucun autre État démocratique n'utilise en Europe...
Les policiers se plaignent dans la presse d'être les maltraités mais quand la réponse est complètement disproportionnée, voire complètement gratuite, comment peuvent-ils s'étonner du désamour d'une bonne partie de la population ? Nous sommes loin de l'épisode de janvier 2015, n'est-il pas vrai ?
Ne pouvons-nous pas avoir la conviction que les politiques français courent après les policiers qui eux courent après le Rassemblement national ? D'où une quasi-absence d'excuses, des enquêtes qui ne paraissent pas trop fouillées ou qui traînent ce qui entraîne le soupçon de remiser les événements désagréables sous le tapis.
Un policier ou un gendarme doit être respecté comme tout un chacun et il le sera d'autant plus que sa conduite est elle-même irréprochable. Et si elle ne l’est pas, sa hiérarchie doit en tirer toutes les conséquences pour elle-même et pour lui : amélioration de la formation, interdiction de certaines pratiques, révision des procédures, nouveaux moyens… mais aussi sanction disciplinaire et, pour les cas graves, envoi devant les tribunaux.
Ceci étant écrit, je suis convaincu que la majorité des policiers et des gendarmes français font leur travail avec sérieux et professionnalisme comme la grande majorité de leurs collègues européens ce qui rend d’autant plus insupportable les « bavures » de leurs collègues (cf. l’ouvrage de Valentin Gendrot « Flic »).
Belle fin de semaine quand même.
Il y a 1 année
Toutes les polices du monde sont à l'image de la relation entre l'Etat et ses citoyens...
Le simple faite de faire une loi spéciale pour protéger la police est une atteinte à l'égalité de droit. On peut donc en conclure à une perte de maitrise depuis le sommet de l'Etat, un déni de démocratie déjà perceptible avec la réponse apportée aux gilets jaunes.
Il y a 1 année
C'est drôle de voir le mécontentement de ceux qui critiquent l'auteur et l'éditorial LeTemp pour enfin s'en prendre au gouvernement français pour l'abus de pouvoir et l'atteinte à la liberté. Que feriez-vous si vous étiez à la place des musulmans où votre fois serait tous les jours associé par les médias aux terroristes qui n'ont rien avoir avec l'islam?
Il y a 1 année
Je ne suis pas étonné d'une telle dérive qui fait partie de l'escalier descendant où le pouvoir emmène la France, en l'habituant petit à petit aux atrocités hebdomadaires et s'éloignant donc à grand pas de l'esprit républicain. Je ne savais pas que "la république en marche" signifiait "la république qui fout le camp". Maintenant, je sais.
Que fait-on❓
Merci à votre présence journalistique, même si votre journal "le monde" s'est laissé acheter par Bill Gates, cela me réjouis d'y trouver encore quelques bons articles qui osent remettre en cause les psychopathes qui eux osent prétendre nous gouverner ⁉️⁉️