Sous cette optique, la Russie appelle à une unification plus étroite des efforts entrepris par le G8 et toute la communauté internationale en vue de mettre en valeur les technologies innovantes. Cela pourrait être le début de la création d'une base technologique de l'approvisionnement futur de la communauté humaine en énergie, quand les potentialités d'aujourd'hui seront épuisées. Nous devons tous être conscients que dans le monde interdépendant où nous vivons aujourd'hui, l'«égoïsme énergétique» ne mène qu'à l'impasse. La Russie demeure ferme et immuable: la redistribution de l'énergie en fonction des intérêts d'un petit groupe des Etats les plus développés ne correspond pas aux buts et aux objectifs du développement mondial. Nous chercherons à mettre en place un système de sécurité énergétique où seraient pris en compte les intérêts de toute la communauté mondiale.
Tout au long de son histoire, l'humanité n'a cessé de lutter contre la propagation des maladies infectieuses, menaces réelles à sa survie. De nos jours, nous devons encore faire face à des manifestations de maladies connues aussi bien qu'à de nouvelles affections très dangereuses comme le sida, les fièvres hémorragiques virales exotiques, les infections aux microplasmas et la grippe aviaire. Aujourd'hui, les maladies infectieuses sont à l'origine d'un décès sur trois dans le monde. La Russie proposera d'adopter un plan d'action du G8 pour la lutte contre la grippe aviaire et la prévention d'une nouvelle pandémie de grippe humaine. On comprend bien que le niveau inégal des systèmes de santé publique et des capacités financières et scientifiques disponibles pour la prévention des épidémies est lié à la distribution non homogène des ressources mondiales mises en œuvre pour lutter contre les infections.
Encore un point très important. Ces dernières années l'humanité subit fréquemment l'action destructive des séismes, des inondations, des tsunamis. L'urbanisation, l'expansion des réseaux de transport et de l'infrastructure industrielle nous ont rendus beaucoup vulnérables à ces fléaux naturels. Non seulement ils infligent de graves dommages à l'économie et pénalisent le domaine social mais, c'est encore pire, ils provoquent des vagues de maladies infectieuses qui emportent des milliers de vies. C'est pourquoi la création du système global d'avertissement et de lutte contre les implications épidémiologiques des catastrophes naturelles est aussi parmi nos priorités.
Beaucoup de maladies de masses sont engendrées par des crises dites humanitaires liées, notamment, aux conflits militaires [...] Je suis persuadé que le G8 est en mesure de consolider les efforts internationaux pour faire face aux situations d'urgence et donner un grand élan à la coopération multilatérale dans ce domaine.
Nos tâches communes dans le domaine de l'éducation méritent une attention particulière. L'accès à l'espace global de l'information bouleverse les méthodes de l'éducation. On passe à l'éducation continue. On voit émerger les conditions d'un espace éducatif unique. Evidemment, ces tendances sont plus visibles dans les pays développés. En même temps, de nombreux Etats et régions sont toujours confrontés au problème aigu de l'accès à l'éducation primaire. Nous estimons qu'il s'agit là d'un vrai désastre humanitaire, d'une menace sérieuse pour la communauté internationale. L'analphabétisme généralisé fait le jeu des idéologues de la confrontation des civilisations, des propagandistes de la xénophobie, de l'extrémisme national et religieux. En fin de compte, du terrorisme international.
Dans ce contexte, il est important d'adopter une approche plus large et systémique à l'éducation dans les pays en voie de développement et dans le monde entier. Pour faire face au problème de l'emploi, le concept de «l'éducation» devrait incorporer non seulement la formation générale mais aussi la formation professionnelle, en embrassant tous les niveaux de l'éducation: du primaire à l'enseignement supérieur.
Dans les conditions de la mobilité accrue de la population de notre planète et de l'intensification continue des processus de migration, le problème de «l'intégration» dans un autre milieu culturel devient particulièrement important. Il est évident que c'est l'éducation qui peut assurer l'adaptation sociale réciproque de différents groupes culturels, ethniques et confessionnels. Il faut donc accorder une attention particulière à la modernisation des systèmes d'enseignement tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement [...] y compris (en utilisant) Internet et les autres moyens sophistiqués de diffusion de l'information et des connaissances [...].
En plus de ces trois priorités à l'ordre du jour de la présidence russe, le G8 poursuivra en 2006 le travail dans les domaines clés comme la lutte contre le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive. L'aide au développement, la prévention de la dégradation de l'environnement ainsi que les problèmes actuels de l'économie mondiale, des systèmes financiers et commerciaux seront toujours au centre de l'attention du G8. Et bien sûr nos efforts seront toujours centrés sur le règlement des conflits régionaux, en premier lieu au Moyen-Orient et en Irak, et sur la stabilisation de la situation en Afghanistan.
Aucun pays-président ne peut proposer des réponses exhaustives aux problèmes du monde contemporain. Cependant, d'un sommet à un autre, le G8 arrive, par efforts collectifs, à une vision toujours plus nette de ces problèmes et cherche à trouver des solutions toujours plus efficaces. La Russie est prête à y contribuer.