Michael Ambühl jette l’éponge!
Editorial
Et voilà, le roi est nu!
Michael Ambühl jette l’éponge!
On peut avancer toutes les explications, rien ne fera jamais passer pour un changement de cap personnel du secrétaire d’Etat ce qui, aux yeux de certains, apparaît comme un abandon de poste, ou un sérieux ras-le-bol pour les plus compréhensifs.
Peu importent les motivations. Le départ de ce grand serviteur de l’Etat est fâcheux pour les compétences et le talent dont il prive la Confédération. Il est calamiteux pour l’image de maîtrise que le Conseil fédéral aimerait donner de sa politique.
Michael Ambühl s’en va alors que les tempêtes ne nous ont pas encore touchés de plein fouet. La Suisse se trouve soudain face à une rare conjonction de pressions internationales. L’accord sur les banques avec les Etats-Unis s’annonce proche de la punition. La reprise de l’échange automatique d’informations et la suppression des régimes fiscaux privilégiés vont ouvrir des plaies douloureuses.
Symboliquement, le départ de Michael Ambühl signe l’échec d’une politique, celle de la guerre de retardement menée sur le front fiscal. Elle confirme aussi l’absence de leadership et de vision à long terme du Conseil fédéral.
Les tensions entre le secrétaire d’Etat et sa ministre des Finances n’étaient plus un mystère. Artisan des accords Rubik avec la Grande-Bretagne et l’Autriche, malgré l’échec avec l’Allemagne, Michael Ambühl continuait à défendre la stratégie officielle du Conseil fédéral alors qu’Eveline Widmer-Schlumpf semblait être déjà passée à l’échange automatique d’informations.
Les objectifs du gouvernement donnent le sentiment de varier au gré de l’humeur des banques et des partis politiques. Alors, le parlement et le Conseil fédéral lui-même misent sur le talent de diplomates brillants pour mener la barque.
Faute de savoir ou de pouvoir se mettre d’accord sur ce que l’on veut véritablement obtenir des Etats-Unis ou de l’Union européenne et sur ce que l’on est prêt à abandonner, la facilité consiste à laisser l’administration trouver une solution acceptable. Cela marche souvent.
Il arrive parfois qu’avec le départ d’un diplomate de haut vol le paravent tombe: le roi est bel et bien nu.