Écrans
La fermeture de la plateforme de streaming gratuit Hds.to, vendredi, a créé de l’émoi chez les internautes. Certains redoutent la fin d’une époque gratuite. D’autres ont déjà trouvé une alternative

C’était comme leur enlever le pain de la bouche. La fermeture de site Hds.to, plateforme de streaming gratuit et, qui plus est, fiable, a ébranlé les habitudes de bon nombre d’internautes. Ils se disent désormais esseulés, désœuvrés, et leurs lamentations résonnent sur les réseaux sociaux. «Comment je fais maintenant?» lance l’une d’elles, encore groggy devant la page, devenue blanche, de son pourvoyeur de films et séries.
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Désespérés, ils peuvent l’être. Car Hds.to représentait un des derniers bastions du streaming gratuit que le web francophone proposait. Son offre était vaste. Si vaste que certains la comparaient à Netflix sans le fâcheux handicap d’être payant. On y trouvait des films pour tous les goûts, et des séries pour toute la vie. C’était simple, sans publicité envahissante, c’était une caverne d’Ali Baba.
Payer du gratuit
Mais tout a une fin. Dès la mi-novembre, le site a commencé à vaciller. L’utilisateur qui n’avait, au temps jadis, qu’à cliquer sur l’affiche du film convoité pour obtenir son sésame, a d’abord été sommé de changer de VPN. Puis on lui a suggéré de se créer un compte. Et de payer.
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C’est à partir de là que les internautes se sont insurgés. Payer du gratuit est un oxymore qui n’a rien de poétique à leurs yeux. Certains ont cédé, d’autres ont résisté. Et enfin, à travers un compte Twitter créé pour l’occasion, les responsables anonymes de la plateforme ont démenti les propos que leur page présentait. Dans deux messages, avant d’annoncer une fermeture définitive, ils ont prévenu: «Ne payez jamais sur un site illégal, vous ne savez pas ce qu’ils font de vos données.»
Les sites de streaming comme https://t.co/CGYIVDPf6x qui vont jusqu'à proposer des formules payantes salissent l'image du Warez français.https://t.co/CGYIVDPf6x est un site de streaming illégal. Ne payez jamais pour de l'illégal, vous trouverez toujours un équivalent gratuit.
— HDS.TO (@hds_to) 17 novembre 2018
https://t.co/CGYIVDPf6x est définitivement fermé. pic.twitter.com/rnoNZKvDVt
— HDS.TO (@hds_to) 17 novembre 2018
Un secret bien mal gardé
«Merci et adieu» forme désormais l’épitaphe de feu Hds.to. Combien d’endeuillés cette disparition laisse-t-elle? Selon un article du site Torrentfreak.com, ils sont quelques centaines de milliers répartis dans toute la francophonie. Ce qui classerait le site défunt parmi les 30 adresses les plus consultées du web en français. Nul ne sait toutefois d’où ces chiffres sont tirés. Car lors de son règne, Hds.to était un secret gardé précieusement. Sa pérennité semblait en dépendre.
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Pourquoi la plateforme a-t-elle rendu l’âme? Personne n’est en mesure de répondre à cette question. Les geeks du Net suspectent «une grande opération policière». D’autres parlent d’une attaque informatique et certains vont même jusqu’à évoquer «une arnaque avec des serveurs hébergés en Iran».
Comment ça se fait qu'après avoir longtemps dis et redis que votre site était 100% légal , encaissé des abonnements mensuel vous vous retrouviez a fermer vos serveurs ? J'imagine mal Netflix faire pareil , c'était juste une arnaque avec des serveurs hébergés en Iran
— Blondin (@VaasGab) 18 novembre 2018
Pour les amateurs, cette affaire demeure obscure. Au fond, ce qui leur importe, c’est de savoir comment pallier le manque créé par la disparition de leur dealer favori. Doivent-ils se tourner vers le payant Netflix comme le suggèrent les bons élèves de la Toile? Ou peuvent-ils en toute légitimité attendre qu’une nouvelle entité illégale surgisse dans le panorama du web?
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A qui la faute?
Car la clôture d’un site de streaming remet la question de la violation des droits d’auteur en lumière. Sont-ce les utilisateurs ou les administrateurs qui créent le préjudice? Est-ce à l’industrie du film d’introduire une offre légale suffisante à l’internaute? «Le critère du paiement n’est pas un indicateur pour connaître la légalité du site», disait l’avocate Florence Bettschart-Narbel dans nos pages en soulignant le flou juridique autour de ces questions.
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C’est grâce à cette confusion que, déjà, des remplaçants de Hds.to font leur apparition. Leur nom? C’est un secret. Evidemment.
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