Revue de presse historique
Il y a 80 ans, Giraudoux, «le poëte chatoyant», devenait propagandiste
Durant les années 1939-1940, il échouera dans sa mission. Pourtant, les médias en espéraient beaucoup
3 minutes de lecture
Olivier Perrin
Publié lundi 5 août 2019 à 08:03,
modifié lundi 5 août 2019 à 13:39.
Chaque lundi de l’été, «Le Temps» explore les archives du «Journal de Genève» et de la «Gazette de Lausanne» de juillet et août 1939, pour évoquer les semaines qui ont immédiatement précédé le début de la Seconde Guerre mondiale, il y a 80 ans.
Episodes précédents:
- Il y a 80 ans, la guerre de 39 ne devait pas avoir lieu
- Il y a 80 ans, Vienne était le laboratoire de l’antisémitisme
- Il y a 80 ans, un 14 Juillet un peu particulier à Paris
- Il y a 80 ans, le procès de quelques Suisses vendus aux nazis
- Il y a 80 ans, Dantzig, l’obsession d’Hitler juste avant la Deuxième Guerre
Devant la montée des périls, l’écrivain et diplomate français Jean Giraudoux s’engage en politique en 1939. Lors du remaniement ministériel du 29 juillet, il est nommé par le président du Conseil des ministres, Edouard Daladier, commissaire général à l’Information. «The right man in the right place», promet Maurice Muret, le critique littéraire de la Gazette de Lausanne du 5 août, que ce «diplomate corsé d’un homme de théâtre, habile à dénouer sur la scène les situations les plus inextricables»!
Mais le quotidien vaudois espère surtout que l’auteur d’Ondine, paru la même année, saura «observer avec inquiétude ces éléments français hostiles «en principe» à tout arrangement avec le Reich et prêts à faire la guerre, […] ces éléments d’extrême gauche qui en veulent, on pourrait dire personnellement, aux dictateurs parce que ceux-ci ont barré la voie au bolchevisme». Dès la défaite de 1940, Giraudoux, remercié, devient l’exemple représentatif de l’échec de la propagande française de cette époque.