La petite arvine est un vin valaisan issu du cépage arvine et seul le canton peut en produire sous cette dénomination. C’est le message délivré par les Etats en acceptant à une confortable majorité (26 voix contre 9) une motion de Christophe Darbellay (PDC/VS). Le Conseil national avait accepté le texte le 3 mai dernier, également à une nette majorité.

Le Conseil fédéral doit désormais prendre contact avec l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) pour tenter de faire appliquer cette requête. Le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann – qui proposait de refuser la motion –, a souligné la difficulté de la démarche: «Petite arvine et arvine sont ­synonymes. Ce sont les noms d’un cépage reconnu de manière internationale, qui appartient donc au domaine public. Ils sont cultivés en Italie et dans d’autres cantons suisses. Il faudrait s’en tenir à l’appellation petite arvine du Valais.» Une précision géographique qui a déjà été retenue pour qualifier d’autres vins «ethniques» valaisans: hermitage (marsanne), johannisberg (sylvaner) et malvoisie (pinot gris).

Les sénateurs ne se sont pas laissé convaincre. Ils ont suivi les recommandations de Christian Levrat (PS/FR), rapporteur de la Commission de l’économie et des redevances: «Si la petite arvine reste un simple cépage, il existe un danger potentiel d’avoir de la petite arvine de Nouvelle-Zélande ou de Californie.» Une crainte relayée par Jean-René Fournier (PDC/VS): «Une décision de non-reconnaissance pourrait réduire à néant les efforts consentis par la viticulture suisse, valaisanne en l’occurrence, en matière de promotion de la qualité.»

Décalage

Un catastrophisme en complet décalage avec la réalité: la requête du parlement n’aura aucun effet sur l’étranger, comme le souligne François Murisier, membre du comité exécutif de l’OIV. Le Valaisan, qui n’a «jamais soutenu la démarche», précise que l’organisation «n’a pas la compétence» d’interdire l’utilisation d’un nom de cépage. «Si un vigneron néo-zélandais veut appeler sa petite arvine «petite arvine», il pourra toujours le faire.»

Selon François Murisier, le Valais, qui concentre 98% de la production mondiale de petite arvine, doit trouver «un arrangement» avec le Val d’Aoste, qui produit les 2% restant. En signant, pourquoi pas, «un accord combiné incluant le cornalin». Les seules victimes de la motion Darbellay sont les rares vignerons suisses qui cultivent la petite arvine hors Valais (à Genève et au Tessin notamment). Eux seuls pourraient être contraints de l’appeler «arvine», comme l’a décidé le parlement.