2020, photographie virale
Cette année, la production d'images a surtout révélé l'extraordinaire puissance dévastatrice de la pandémie sur les corps, les âmes et l'ordre du monde. Immersion visuelle dans un univers étrange ou l'humain fait face à un ennemi aussi impitoyable qu'invisible, au delä des masques. Sélection: Mariella Solazzo
Nos vies minuscules en vue aérienne sur le parc Dolores à San Francisco, où des périmètres circulaires alignés au cordeau ont été peints sur la pelouse pour permettre aux habitants et aux touristes de se prélasser au vert, dans un espace circonscrit mais admissible du point de vue sanitaire. Mai 2020.
Comment aurions-nous regardé cette scène urbaine hors pandémie? En cette funeste année 2020, elle évoque notamment le fil ténu de la vie de cette passante new-yorkaise, et par extension de la nôtre, qui fatalement, un jour ou l’autre, se brisera. Avril 2020.
Quand l’art contemporain matérialise l’objet d’une préoccupation mondiale. L’artiste britannique Luke Jerram a créé cette sculpture en verre «Coronavirus Covid-19» en hommage aux efforts fournis par la communauté scientifique et le corps médical. Bristol, mars 2020.
Un pompier-cosmonaute, lors d’une opération de désinfection, vue du ciel, sur un parking de Tel Aviv pour l'aménagement d'un drive-in où les passagers pourront être testés au covid, depuis leur véhicule. Mars 2020.
Dans une maison de retraite brésilienne, Rosa et Adriana se prodiguent un câlin grâce à un équipement de protection. Ce subterfuge en plastique permet désormais aux anciens d’embrasser leurs proches. Une parenthèse de douceur que le photographe Mads Nissen a capturée dans une série de tableaux vibrants, intitulée «Hold Me Close» (serre-moi fort). São Paulo, mars 2020.
La beauté des chutes La Perla au parc La Ponderosa de Guanacaste au Costa Rica, sans visiteurs. Le site, abritant plus de 300 espèces d’animaux différentes d’origine africaine, attire chaque année un grand nombre de locaux et de touristes étrangers. Août 2020.
A l’instar de São Paulo, les mégapoles ont toutes connu un confinement avec des millions de personnes en strates humaines, enfermées à double tour dans un microcosme étriqué. Instants de vie saisis par le photographe Victor Moriyama pour la série «The Great Empty» du «New York Times». São Paulo, mars 2020.
A Wuhan, là où tout a commencé, la cérémonie annuelle de Qingming, ou Jour du balayage des tombes, qui rend hommage aux disparus et où l’on brûle des papiers Joss, de faux billets de banque qui dotent le défunt d’argent en abondance dans l’au-delà. Wuhan, avril 2020
Pour sa série «Infodémique», une approche qui interroge notre rapport aux images qui abondent sur la Toile, Ramin Mazur a fait ses recherches en googlisant les termes «Covid-19» et «coronavirus». Les images retenues ont ensuite été photographiées à la loupe. Ici, vraisemblablement, la construction de l’hôpital exclusivement consacré aux malades infectés, sorti de terre en dix jours à Wuhan. Google, Moldavie, 2020.
Théâtre, danse, musique... Comment pratiquer son art sans public? Quid de l’émotion et de l’échange en live, propres aux arts vivants, l’un des secteurs parmi les plus touchés par les mesures sanitaires? Ici, le quatuor à cordes UceLi au Grand Théâtre du Liceu à Barcelone, interprète «Les Chrysanthèmes» de Puccini, face au vivant végétal et organique, en antidote à l’absence. Barcelone, juin 2020.
Symboles des nouvelles normes de distanciation sociale, au Jazz Lounge Encounter (un club tokyoïte du quartier branché de Ginza), les écrans en acrylique permettent aux hommes en quête de compagnie féminine de bénéficier de relations sociales tarifées en toute sécurité. Août 2020.
Plongeon dans l’«Enfer» de Dante avec le photographe Fabio Bucciarelli qui a couvert pour le «New York Times» la fulgurante propagation du virus dans la région de Bergame, cœur noir de la pandémie en Europe. Un témoignage visuel de l’hécatombe alors en cours, mais aussi de la détermination dont ont fait preuve les secouristes de la Croix-Rouge italienne, ici juste avant de pénétrer dans un foyer infecté. Nembro, mars 2020.
Les routiers, la nuit, arrêtés sur le chemin de Douvres après la fermeture par les autorités françaises de ses douanes en raison de la propagation de la nouvelle souche de virus après mutation, beaucoup plus contagieuse. Décembre 2020.
Depuis le confinement adopté par les autorités françaises pour endiguer la propagation du virus, les araignées ont tissé leur toile sur une selle d'un manège près de Paris. Mai 2020.
Le quotidien du photographe norvégien Jonas Bendiksen, avec ses filles Boe et Billie qui s’amusent à projeter des ombres chinoises à la maison, les écoles ayant été fermées. Une démarche professionnelle mais intimiste, qui témoigne de son propre confinement familial. Nesoddtangen, avril 2020.
Nuit de fête à Wuhan, où presque un an après le début de la pandémie, la vie reprend ses droits. Décembre 2020.