En comparaison de la vue et du toucher, de plus en plus sollicité par les écrans tactiles, l’ouïe reste un sens pauvre dans la conduite automobile. La voix synthétique d’un système de navigation, le rappel d’un clignotant, le coup de klaxon d’un autre usager de la route, la sirène d’une voiture de police: dans un habitacle, l’oreille reste aux aguets, sans plus.

Au récent salon automobile de Francfort, Peugeot présentait une étude prospective qui va beaucoup plus loin dans la dimension du son. Pas celui d’un moteur à explosion, vu que le coupé Fractal est une propulsion électrique, par définition silencieuse. Comme cette absence de décibels peut être source de danger pour un piéton ou un cycliste, le prototype de Peugeot diffuse à la ronde, comme d’autres voitures électriques, un bruit artificiel. Sauf que cet avertissement sonore a été confié au DJ et musicien brésilien Amon Tobin. La signature audio de Fractal prévient les usagers de la route de l’évolution du coupé, distinguant ses différents états: accélération, décélération ou vitesse stabilisée.

L’innovation la plus intéressante est celle de la spatialisation des sources sonores, qui permet de mieux saisir une information, tout en libérant de l’attention visuelle pour la conduite. Dans le cas d’un trajet guidé par le GPS de bord, la source de la synthèse vocale est localisée à distance, dans l’axe de la voiture. Si une intersection se présente à l’horizon, le son se rapproche virtuellement de l’habitacle, puis y entre avant de se déporter du côté du croisement à emprunter. Toujours à l’intérieur du coupé, les fonctions du contact, des clignotants, du warning, de l’éclairage et des autres actions de la navigation sont également sonorisés, chacun à sa manière.

Pour mieux valoriser ces différentes stimulations audio, l’étude de Peugeot tire parti de l’impression 3D. Celle-ci a permis la réalisation de surfaces anéchoïques qui, comme dans un studio d’enregistrement, permettent d’absorber les ondes sonores. A l’extérieur, les écopes de roues reçoivent des éléments en formes de dièdres qui atténuent les bruits aérodynamiques. Dans l’habitacle, 80% des surfaces sont aussi anéchoïques, du revêtement des portes à celui des sièges. Cet apport fonctionnel est aussi stylistique, proposant un traitement de surface inspiré des techniques acoustiques, en particulier musicales. Dernière innovation: l’intégration dans les dossiers des sièges de caissons d’infrabasses, dont les ondes parviennent à l’oreille interne via les organismes du conducteur et des passagers. Fini les «boums-boums» brise-tympans, vive les vibrations silencieuses des os et viscères.