Carnets de Darwin «volés», originaux de Newton découverts: heurs et malheurs des manuscrits scientifiques
histoire des sciences
Des notes et croquis originaux de la main de Darwin auraient été dérobés à Cambridge, tandis que des exemplaires de la première édition d’un livre d’Isaac Newton ont été mis au jour au terme d’une enquête de dix ans menée dans 27 pays

Il y a du grabuge dans le monde feutré des archives et des bibliothèques protégeant les originaux des plus grandes œuvres scientifiques. D’un côté, des carnets ayant appartenu au naturaliste Charles Darwin auraient été dérobés. De l’autre, on a mis la main sur d’inédites premières éditions du livre du physicien Isaac Newton, Philosophiae Naturalis Principia Mathematica.
L’Université de Cambridge a lancé mardi un appel pour retrouver deux carnets de notes de Charles Darwin qu’elle croit volés de sa bibliothèque, dont l’un contient son esquisse d'«arbre de la vie», devenu le symbole de sa théorie de l’évolution.
Les conservateurs ont conclu après recherche que les carnets, signalés disparus pour la première fois en janvier 2001, ont probablement été volés, a indiqué la prestigieuse université anglaise sur son site internet.
Pendant de nombreuses années, les bibliothécaires ont cru que quelqu’un les avait replacés au mauvais endroit dans la bibliothèque, qui abrite environ 10 millions de livres, cartes, manuscrits et autres objets.
Cet appel à l’aide a été lancé le «jour de l’évolution» qui célèbre l’anniversaire de la première publication, le 24 novembre 1859, de L’Origine des espèces, ouvrage majeur des sciences modernes. Les carnets, dont la valeur est estimée à plusieurs millions de livres sterling, ont été ajoutés à la base de données d’Interpol sur les œuvres d’art volées.
Enquête à la Sherlock Holmes
Autre ouvrage scientifique majeur, estimé pour sa part dans une fourchette de 300 000 à 3 millions de dollars, le livre d’Isaac Newton Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, plus communément appelé Principia, a au contraire fait l’objet d’une découverte. Deux historiens ont récemment retrouvé quelque 200 exemplaires de la toute première édition, doublant le nombre de copies répertoriées.
Mordechai Feingold, du Caltech à Los Angeles, et Andrej Svorencik, de l’Université de Mannheim en Allemagne, se sont livrés dix ans durant à une véritable enquête à la Sherlock Holmes. Ils ont retrouvé les copies de Principia dans 27 pays, dont 35 exemplaires en Europe de l’Est et même un déniché chez un libraire italien, et qui avait été volé en Allemagne un demi-siècle auparavant.
L’analyse de ces vieux livres ne fait que commencer, mais elle révèle déjà une chose: que les exemplaires de la première édition de Principia semblent être passés entre les mains de multiples personnes, à en juger par les nombreuses et différentes annotations dans les marges. De quoi supposer que le livre de Newton, qui posa les fondements mathématiques de la mécanique newtonienne et de la loi universelle de la gravitation, était déjà un best-seller dès sa parution au XVIIe siècle, et non une rareté que seuls quelques érudits pouvaient se procurer.