Microscope

Chanteurs à la gomme

«The Final Countdown», «Le Petit Bonhomme en mousse», «Dragostea Din Te … Qui n’a jamais eu de telles chansons douteuses gravées dans la tête, alors que notre juke-box cérébral semble bloqué sur la fonction «répéter»? Heureusement, la science se penche sur cette épineuse question et sur les moyens d’éradiquer ces vers d’oreille, traduction française de earworms, dans la langue de Susan Boyle.

Exit, les remèdes d’intellos à base de calcul mental ou de résolution d’anagrammes, en vogue depuis quelques années. Le plus efficace, c’est de mâcher un chewing-gum, assurent des psychologues de l’Université britannique de Reading, dont les travaux sont parus récemment dans Quarterly Journal of Experimental Psychology. Ces derniers partent d’un constat simple: pour supprimer de sa tête ces plus ou moins glorieux moments de variété musicale, il faut altérer sa mémoire à court terme et occuper son cortex auditif, la région du cerveau chargée de l’interprétation des sons. Ce que le mâchouillage de chewing-gum parvient à faire à merveille, d’après les résultats.

Pour arriver à de telles conclusions, l’équipe du Dr Philip Beaman a recruté 44 étudiants qui ont osé se soumettre à l’insoutenable «Play Hard» de David Guetta. Ces cobayes devaient signaler dans un programme informatique chaque retour en force dans leur tête de la ritournelle électronique. Ceux qui ruminaient un chewing-gum s’en sont débarrassés plus facilement que les autres. Et c’est bien cet acte mandibulaire qui en est la cause: dans une autre expérience, des malheureux forcés d’écouter «Payphone» de Maroon 5 n’ont pas réussi à purger leurs neurones de cette agression musicale avec d’autres mouvements, tels que reproduire un beat quelconque avec leurs doigts. Alors la prochaine fois qu’un indésirable squatte votre encéphale, pensez à mâcher!