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«Les connaissances doivent être approfondies»

Santiago Schaerer est biologiste et responsable du Département de génie

Santiago Schaerer est biologiste et responsable du Département de génie génétique des plantes à la Station fédérale de recherches en production végétale de Changins.

Le Temps: Les plantes génétiquement modifiées (PGM) peuvent-elles transmettre leurs gènes aux espèces sauvages?

Santiago Schaerer: Ce n'est possible que si les plantes sont sexuellement compatibles. Cela peut se produire avec la luzerne ou l'ivraie, mais pas avec le soja, la tomate ou le maïs. En Suisse, il n'existe aucune espèce sauvage avec laquelle elles pourraient s'hybrider. Le transfert de la résistance à des herbicides doit être envisagé. Cependant, même en l'absence de PGM, des plantes sauvages devenues résistantes aux herbicides utilisés dans les champs ont été observées un peu partout dans le monde. Cette résistance s'est développée de manière naturelle, par mutation sélective. Le problème du flux des gènes entre variétés cultivées et sauvages n'est pas nouveau. Des espèces de riz et de coton sauvages d'Asie et d'Amérique sont en voie d'extinction parce qu'elles s'hybrident avec des variétés cultivées sur des grandes surfaces. Cela dit, les connaissances sur l'impact qu'ont les protéines produites par les PGM sur la faune et la flore doivent être approfondies. Mais pour cela, il faut pouvoir faire des essais scientifiques en champ, ce qui n'est pas autorisé en Suisse.

Les gènes introduits dans les plantes sont-ils dangereux pour l'environnement?

Cela dépend. Les gènes de résistance aux herbicides introduits dans les PGM codent pour des produits à large spectre et sont biodégradables. Pour ce qui est des insecticides, on a recours à des gènes codant pour des toxines qui sont utilisées dans l'agriculture biologique. Les plantes qui synthétisent un insecticide le font actuellement en permanence. Certains craignent que les insectes développent des résistances plus rapidement. Cependant, seuls les insectes se nourrissant de tissus produisant la toxine sont affectés. En revanche, dans un champ traité de manière conventionnelle, une variété plus grande d'espèces est touchée.

Est-ce que la stratégie des PGM tient ses promesses?

Il est encore un peu tôt pour le dire. Les stratégies actuelles des multinationales visent à rentabiliser à court terme leurs investissements. Leurs PGM ne montrent pas d'amélioration significative de leur qualité nutritionnelle, par exemple. En fait, les PGM vraiment intéressantes, développées dans des laboratoires indépendants, sont en train d'arriver. Il s'agit notamment du riz doré fabriqué par le professeur Ingo Potrykus à Zurich et qui est enrichi à la provitamine A. D'autres plantes, produisant davantage de vitamine E, de fer ou de fer plus assimilable sont également à l'étude. Ces PGM sont plus difficiles à fabriquer. Ce n'est pas un gène qu'il faut introduire mais quatre, qui doivent s'exprimer de manière coordonnée.