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Contre le cancer, «une ultra-personnalisation des traitements»

Tout juste lancé depuis Lausanne, le projet d’oncologie personnalisée SPOD vise à mettre en réseau les données des patients atteints de cancer en Suisse, pour des soins sur mesure. Trois questions à Olivier Michielin, qui dirige ce programme

Les traitements d'immunothérapie sont basés sur le principe de cibler les cellules tumorales reconnues, par le système immunitaire, comme étrangères.  — © KrishnaKumar Sivaraman/123RF
Les traitements d'immunothérapie sont basés sur le principe de cibler les cellules tumorales reconnues, par le système immunitaire, comme étrangères.  — © KrishnaKumar Sivaraman/123RF

Mettre en commun les données moléculaires et cliniques d’une majorité des patients en oncologie de Suisse: tel est l’objectif du projet SPOD (Swiss Personalized Oncology Driver) lancé par le CHUV, à Lausanne, les Hôpitaux universitaires de Genève et l’Inselspital de Berne, en partenariat avec le Groupe suisse pour la recherche clinique sur le cancer (SAKK).

Directeur de ce programme qui vient de recevoir un financement de 2,3 millions du Swiss Personalized Health Network, Olivier Michielin, chef de la division d’oncologie personnalisée analytique au CHUV, voit ce projet comme un premier pas vers des traitements de plus en plus personnalisés.

Le Temps: En quoi la récolte de données propres à chaque patient va-t-elle faire progresser la recherche sur le cancer?

Olivier Michielin: Notre objectif, à terme, est d’aboutir à une ultra-personnalisation des traitements, notamment des immunothérapies. Pour ce faire, nous devons prendre en compte les propriétés du système immunitaire, mais aussi l’ensemble des données concernant le fonctionnement de la tumeur, tel que la génomique, la transcriptomique ou encore la protéomique. Je suis convaincu que les réponses à une grande partie des questions que l’on se pose en oncologie se trouvent dans cette base d’informations complexes.

Nous allons également suivre des patients sur plusieurs années, afin de pouvoir déterminer quelle est la meilleure séquence de traitement possible en fonction du profil des tumeurs rencontrées. Cet aspect bien précis, personne ne l’a encore étudié, mais pour cela, nous avons besoin d’un maximum de données.

– Vous soulignez également l’importance d’harmoniser la façon dont les cas sont décrits entre les hôpitaux…

– C’est exact. Afin de pouvoir mettre en commun nos ressources, il est important que nous parlions le même langage, de standardiser la nomenclature quant à la description, par exemple, des effets secondaires d’un traitement par chimiothérapie. Une fois que nous serons parvenus à unifier nos forces, nous allons assurément nous retrouver face à un tsunami d’informations utiles.

– Par ce projet, les données récoltées pourront être exploitées en tout temps, ce qui est plus difficile lorsqu’elles sont hébergées auprès de différents partenaires.

– En effet. Je suis persuadé que la Suisse peut jouer un rôle de pionnier dans la personnalisation des traitements contre le cancer mais, pour cela, il est important que nous standardisions et centralisions la gestion de ce type d’informations. Toutes les données collectées dans le cadre de ce projet seront analysées avec nos propres outils académiques d’intelligence artificielle. Cet aspect est primordial, car cela nous laissera l’opportunité de réaliser facilement, si nécessaire, un travail rétrospectif sur un gène qui aurait, par exemple, été ignoré dans un premier temps.