Les cris, des sons pas commeles autres

Neurosciences Etude par imagerie

Pourquoi certains sons tels que les cris de bébé ou les alarmes sont-ils si efficaces pour agresser nos tympans? Parce que le cerveau les traite différemment, a conclu une étude américano-suisse parue dans C urrent Biology.

On sait que les cris occupent une large gamme de fréquences, de 30 à 150 hertz, soit beaucoup plus que les 5 Hz du langage parlé. Ces fréquences plus élevées produisent des sons aigus et dérangeants, voire agressifs pour l’oreille. Des sons occupant une telle gamme de fréquence sont également retrouvés dans les alarmes, mais pas dans les sons émis par des instruments de musique.

Luc Arnal, neuroscientifique à l’Université de Genève, a voulu confronter des individus à des sons humains et artificiels. Résultat: plus les sons sont déplaisants et effrayants, plus ceux-ci se rapprochent des fréquences élevées. En outre, les sons situés dans ces fréquences sont beaucoup plus facilement et rapidement localisés, permettant de réagir mieux et plus vite au danger qu’en temps normal.

Meilleur design acoustique

Une analyse par scanner IRMf a permis de constater que les sons n’activent pas les mêmes zones cérébrales. Les sons standards sont prioritairement traités par le cortex auditif, tandis que les sons des cris et des alarmes passent préférentiellement par l’amygdale cérébrale. Cette petite région sous-corticale est impliquée dans l’évaluation rapide des dangers et permet à l’individu de réagir efficacement.

Comprendre ces mécanismes a des implications pratiques, estiment les scientifiques. Selon eux, les spécialistes du design sonore pourront améliorer notre environnement auditif en supprimant ces fréquences lorsqu’elles ne sont pas destinées à signaler un danger ou en perfectionnant les signaux d’alarme pour les rendre plus efficaces, par exemple sur les véhicules électriques trop silencieux.