La digestion du lait, une mystérieuse affaire d’enzyme depuis le néolithique
Alimentation
AbonnéNos ancêtres consommaient des produits laitiers bien avant que les adultes ne soient capables de les digérer. Cela aurait exercé une pression néfaste sur la santé des populations, avance une équipe dans «Nature», à partir de l’analyse de milliers de fragments de poterie et de données génomiques sur la population britannique

La digestion du lait et des laitages ne va pas de soi chez les humains, du moins passée la petite enfance. Car le lait contient un sucre, le lactose, qui peut provoquer de sérieux troubles intestinaux. Une molécule que les bébés digèrent sans problème grâce à un gène qui pilote la production d’une enzyme, la lactase, dont le rôle est d’assimiler le lactose. Et c’est tant mieux puisque c’est ce qui permet l’allaitement! Mais en grandissant, l’expression de ce gène tend à diminuer, rendant la digestion du lactose plus difficile. Sauf pour une partie de la population porteuse d’une variation de ce gène, ce qu’on appelle un allèle, qui permet la production de lactase à l’âge adulte. Paradoxalement, venue d’Anatolie il y a environ 9000 ans, la consommation de laitages s’est développée en Europe bien avant que cette mutation ne commence à se répandre quatre mille ans plus tard. Les chercheurs tentent de comprendre les raisons de cette contradiction et d’esquisser l’histoire de l’allèle favorisant la lactase. Avec plus ou moins de bonheur.