Plus d’un quart des espaces végétaux sont plus verts qu’il y a 33 ans
Leur conclusion: 25 à 50% des sols végétaux du globe sont plus feuillus qu’ils ne l’étaient il y a 33 ans, alors que seulement 4% de ces territoires sont moins verts aujourd’hui qu’en 1982 (ceux-ci se trouvant majoritairement en Argentine, en Mongolie et en Alaska).
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«Visualiser l’espace vert gagné durant les 33 ans d’étude, on pourrait imaginer qu’un continent de verdure de deux fois la taille des Etats-Unis (18 millions de kilomètres carrés) est apparu», explique Zaichun Zhu, l’un des chercheurs de l’Université de Pékin. A ce jour, la végétation représente 32% de la surface de la planète, et 85% des terres hors pôles. Comme le démontre l’étude, celle-ci est devenue plus dense ces dernières décennies.
L’augmentation de l’espace vert s’explique à 70% par le gaz carbonique
Cette densification des espaces verts est directement liée à l’action de photosynthèse des plantes. En résumé, par ce processus biogénétique, les feuilles absorbent du dioxyde de carbone (ainsi que de l’eau et des sels minéraux). Grâce à l’énergie lumineuse captée par la chlorophylle qui les compose, elles produisent des composés organiques, de l’oxygène ainsi que des glucides. Ce glucose rend les arbres et les plantes plus vigoureux.
Plus les feuilles ont de quoi s’approvisionner en dioxyde de carbone, plus elles se ravitaillent. Elles produisent alors davantage de glucose et la faune s’en retrouve fortifiée et plus vivace. C’est ce résultat que les chercheurs appellent l’effet fertilisant. «Cet espace vert supplémentaire a la capacité de changer du tout au tout le cycle de l’eau et du carbone dans le système climatique», ajoute le scientifique Zaichu Zhu.
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L’effet fertilisant du CO2 expliquerait 70% de l’augmentation de l’indice foliaire, selon les chercheurs. D’autres éléments sont listés par les scientifiques pour expliquer cette densité grandissante de zones vertes: l’augmentation de l’azote dans l’environnement (un facteur qui joue un rôle à 9% dans ce processus), la chaleur due au réchauffement climatique (8%) et la modification de la couverture végétale (4%).
Pour arriver à ces données sur les différents facteurs impliqués dans le processus, les chercheurs ont créé des modèles. «Ceux-ci peuvent avoir quelques déficiences», explique Josep Canadell, un scientifique qui a collaboré à l’étude depuis l’Australie. Il ne garantit pas l’exactitude des chiffres: «De futurs travaux vont sans doute questionner et affiner nos résultats.»
Trop, c’est trop
On pourrait se réjouir de ce résultat. Mais il y a un hic: l’effet fertilisant n’est pas un processus infini, comme le soulignent les chercheurs. Les bénéfices d’un grand apport en CO2 pour les plantes diminuent avec le temps. De plus, une trop grande concentration en gaz carbonique devient rapidement néfaste pour la flore.
En outre, l’effet fertilisant ne justifie en rien la déforestation, puisque la disparition des forêts n’est aucunement compensée par la plus forte densité végétale sur Terre. La régression des surfaces forestières a de graves conséquences, au niveau local surtout, sur la biodiversité, la qualité des sols, le cycle de l’eau ou encore le climat.
Et, bien qu’elle se soit densifiée ces dernières décennies, la verdure terrestre n’absorbe qu’environ un quart du dioxyde de carbone produit annuellement. Un autre quart est neutralisé par l’océan. La moitié du CO2 produit chaque année reste libre dans l’atmosphère.