Afrique
AbonnéIl y a trente ans, la Convention de Bâle ouvrait la voie à la régulation internationale des déchets dangereux pour protéger notamment les pays en voie de développement de toute importation frauduleuse venant des pays industrialisés. Dilemme au Bénin où environnement et santé menacent de couper un circuit économique local

«Gankpo gblé gblé! Gankpo gblé gblé!» Le crieur pousse sa charrette péniblement. Batteries de voiture, carcasses de ventilateur, câbles d’acier, bidons d’huile, boîtes de conserve, réfrigérateurs et écrans de télévision. Il collecte «la ferraille gâtée» pour la vendre à des dépotoirs comme celui de Django, ici dans le quartier de Godomey en pleine ville de Cotonou. Quatre ouvriers arpentent les tas et désossent minutieusement chaque pièce, en tongs, sans masque et sans gants. «On nous accuse régulièrement de polluer, explique Django. Mais en fait, nous sommes les seuls à ramasser, trier puis remettre en circulation tout ce qui peut servir. Quand j’ai commencé il y a vingt ans, on collectait les câbles et les carcasses de voiture. Il y a dix ans, on ramassait surtout du plastique. Et aujourd’hui, ce qui est le plus recherché, ce sont les «plaquettes» – les circuits électroniques – et les écrans qu’on extrait des appareils électroniques et informatiques. Les réparateurs en recherchent en permanence.»