Avec les objectifs climatiques actuels, il n’y aura pratiquement plus de glaciers en Europe centrale d’ici la fin du siècle. Et même avec des objectifs plus stricts, ils auront fondu de 60%, selon une étude internationale avec participation suisse.

Les scientifiques emmenés par David Rounce, de la Carnegie Mellon University à Pittsburgh (USA), ont évalué les données relatives à 215 547 glaciers dans le monde entier, selon ces travaux publiés jeudi dans la revue Science. Du côté des températures, ils ont simulé différents scénarios avec des hausses comprises entre 1,5 et 4 degrés.

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Résultats: avec une hausse de 3 degrés à l’horizon 2100, les glaciers d’Europe centrale disparaîtront complètement. Or, avec les objectifs climatiques actuels retenus à l’international, la hausse devrait atteindre 2,7 degrés.

Avec une hausse de 1,5 degré, la fonte des glaciers sous nos latitudes serait de l’ordre de 60%, selon cette étude à laquelle ont également contribué des scientifiques de l’Université de Fribourg, de l’Institut WSL et de l’EPF de Zurich.

Pénuries d’eau

Dans le monde entier, avec le scénario le plus optimiste, les glaciers perdraient 26% de leur masse par rapport à 2015. Dans l’hypothèse la plus pessimiste, ce chiffre serait de 41%. Ne subsisteraient alors des glaciers que dans les hautes montagnes d’Asie, en Alaska, en Russie, ainsi que dans l’Arctique et l’Antarctique. En parallèle, le niveau des mers s’élèverait de 115 millimètres.

Si la hausse des températures est limitée à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle - soit l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat - alors 49% des glaciers du monde disparaîtront d’ici 2100.

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Matthias Huss, co-auteur de ces travaux à l’EPFZ, souligne que les glaciers sont des réservoirs naturels d’eau douce. Leur disparition signifie que cette eau ne sera plus disponible quand on en a le plus besoin, soit pendant les mois secs d’été.

Les pénuries d’eau qui en découlent auront des conséquences sur l’irrigation, l’eau potable, le transport de marchandises, ainsi que la faune et la flore, entre autres. «Même si nous ne pouvons plus sauver les glaciers dans leur état actuel, chaque dixième de degré de réchauffement évité compte», conclut le chercheur, qui appelle à des mesures plus strictes.

Des projections plus précises

Ces projections, qui sont plus alarmantes que celles utilisées actuellement par les experts du climat de l’ONU (Giec), ont été rendues possibles grâce à de toutes nouvelles données sur les variations de masse de chaque glacier dans le monde ces dernières décennies. Ces données ont permis de mieux calibrer le modèle mathématique utilisé pour anticiper l’avenir.

Celui-ci a également pris en compte des processus n’ayant pas été intégrés à de précédentes études, comme l’effet de la couverture des glaciers par des débris (roche…), ou du détachement d’icebergs dans la mer à partir de certains glaciers (vêlage).