Etude
Des milliers de scientifiques répartis dans 153 pays présentent dans la revue BioScience l’état alarmant des signes vitaux planétaires. Ils soulignent le peu de progrès réalisé par l’humanité pour lutter contre le dérèglement climatique

Les «signes vitaux» de la planète s’affaiblissent sous les coups de l’économie mondiale mettent en garde, ce mercredi 28 juillet, des scientifiques de premier plan. Tous font partie d’un groupe de plus de 14 000 scientifiques répartis dans 153 pays ayant plaidé pour la déclaration d’une urgence climatique mondiale. Ceux-ci s’inquiètent de la possible imminence de «points de rupture» climatique. Ils estiment que les gouvernements ont, de manière systématique, échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique: «la surexploitation de la Terre.»
La profusion d’animaux de bétail
Depuis une évaluation précédente en 2019, ils soulignent la «hausse sans précédent» des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies. Dans un texte publié dans la revue BioScience, ce mercredi 28 juillet, ils précisent que sur les 31 «signes vitaux» de la planète – dont les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation – 18 atteignent des niveaux jamais réalisés. Ainsi, malgré la chute des émissions de gaz à effet de serre en raison de la pandémie de Covid-19, les concentrations de CO2 et de méthane dans l’atmosphère ont tout de même atteint des niveaux records en 2021.
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Les glaciers fondent 31% plus vite qu’il y a quinze ans et la déforestation en Amazonie brésilienne a, elle aussi, atteint un niveau sans précédent en 2020, transformant du même coup ce puit de carbone crucial en émetteur net de CO2. Avec plus de quatre milliards de têtes de bétail, notamment vaches et moutons, la masse du bétail dépasse désormais celle des humains et des animaux sauvages combinés, pointe l’étude.
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Nous devons réagir face aux preuves qui montrent que nous allons vers des points de rupture climatiques, en prenant des mesures urgentes pour décarboner l’économie et en commençant à restaurer la nature plutôt que la détruire.
Des actions radicales
Les auteurs estiment qu’il existe en effet «de plus en plus de preuves que nous approchons, voire avons déjà dépassé» certains des points de bascule qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable.
Cela inclut la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, qui pourrait être irréversible à l’échelle de plusieurs siècles, même si les émissions de CO2 étaient finalement réduites. Autre point de non-retour possible: les récifs coralliens menacés notamment par le réchauffement et dont dépend un demi-milliard de personnes.
Les auteurs réclament des actions radicales rapides dans plusieurs domaines comme éliminer les énergies fossiles, réduire la pollution, restaurer les écosystèmes, opter pour des régimes alimentaires basés sur les plantes, s’éloigner du modèle de croissance actuel et stabiliser la population mondiale.
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«Nous devons arrêter de traiter l’urgence climatique comme un problème indépendant. Le réchauffement n’est pas le seul problème de notre système terre sous pression», insiste le co-auteur William Ripple, de l’université d’Etat de l’Oregon. Selon lui, «les politiques pour combattre la crise climatique ou tout autre symptôme devraient s’attaquer à la source: la surexploitation de la planète par les humains.»