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Canicules, incendies, fonte accélérée des glaciers, ou encore inondations: chaque année, la liste des catastrophes climatiques ne cesse de s’allonger. Les effets des changements de températures sont différents selon les régions du monde. En Suisse, par exemple, on observe davantage de journées chaudes.

Ce réchauffement flagrant est illustré ci-dessous, en montrant la différence des températures mensuelles enregistrées à Genève-Cointrin à 86 années d’intervalle.

Le mois de mai 2022 a été le plus chaud de Suisse depuis le début des mesures en 1864. Le deuxième record de température a été atteint durant le mois de juin, et ce malgré les averses quotidiennes tombées jusqu’au 9 du mois. Dans tout le pays, comme à Genève, seul juin 2003 avait été encore plus chaud. Pour rappel, l’Europe a connu sa canicule la plus meurtrière durant l’été 2003. Cette saison, 60 000 personnes sont mortes sur l’ensemble du continent, dont 1000 rien que sur le territoire helvétique.

Autre signe du réchauffement récent, les températures moyennes du mois de juin n’ont dépassé les 20 °C qu’à quatre reprises à Genève depuis 1864, uniquement après les années 2000 (2002, 2003, 2017 et 2022).

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Si c’est en été que nous constatons l’augmentation des épisodes caniculaires, l’hiver n’est pas en reste: «Genève se réchauffe davantage en hiver qu’en été. Depuis 1864, l’augmentation en hiver est de 0,16 °C par décennie», précise Lionel Peyraud, météorologue de MétéoSuisse. Une telle hausse peut sembler insignifiante, mais sur le long terme, quelques dixièmes de degré supplémentaires peuvent avoir des répercussions dramatiques.

Les plus vieux relevés helvétiques attestant du réchauffement

Mais pourquoi s’intéresser à Genève en particulier plutôt qu’à l’ensemble de la Suisse? La hausse des températures n’est évidemment pas un phénomène unique à cette ville et la tendance observée s’applique à l’ensemble du Plateau, mais la cité de Calvin dispose des relevés de température les plus anciens de Suisse (depuis 1753).

Pour s’assurer que les températures mesurées ne varient pas artificiellement, les températures présentées ci-dessus sont «homogénéisées», c’est-à-dire que les températures historiques sont ajustées aux conditions actuelles de mesure. Seules de telles données permettent de tirer des conclusions correctes sur l’évolution du climat. Les changements de condition, ajustés par l’homogénéisation, comprennent le déplacement d’une station ou la modification de l’environnement de la station. A la station de Cointrin par exemple, «en raison de la construction d’un nouveau bâtiment sur le site de l’aéroport à proximité du parc à instruments, le capteur de température a été déplacé de quelques centaines de mètres il y a deux ans», précise Lionel Peyraud, pour éviter un effet d’îlots de chaleur urbains et ainsi fausser les relevés.

Le futur chaud bouillant des étés suisses, surtout en ville

La Suisse est particulièrement touchée par le réchauffement climatique, sa température moyenne annuelle a déjà augmenté de plus de 2 °C par rapport à 1864, soit le double du réchauffement planétaire de 1 °C par rapport à l’époque préindustrielle.

En été, les centres urbains peuvent se transformer en fournaises, avec des températures mesurées de 7 °C supérieure à celle des zones rurales périphériques, en raison d’un effet connu sous le nom d’«îlots de chaleur urbains». Cette différence de température entre la ville et la campagne est particulièrement marquée la nuit. Emmagasiné par les bâtiments et le bitume des rues qui imperméabilise le sol, le surcroît de chaleur est relâché durant la soirée, ce qui empêche l’air de se refroidir.

Afin de mieux évaluer les conditions climatiques futures, MétéoSuisse a établi différents scénarios de chaleur pour les villes, en prenant en compte cet effet d’îlots de chaleur urbains.

Outre l’augmentation des températures, il y aura à l’avenir des périodes de chaleur plus longues et plus intenses. Un des indicateurs pour mesurer de tels épisodes est le nombre de nuits tropicales, lorsque la température minimale durant la nuit demeure supérieure à 20 °C. Il y a eu deux nuits tropicales à Genève jusqu’à présent en 2022. Sans aucune réduction des gaz à effet de serre, on pourrait avoir jusqu’à 60 nuits tropicales au centre-ville vers la fin du siècle.