Le réensauvagement, un vent nouveau sur la conservation de la nature
Les partisans du «rewilding» veulent activement reconstituer les écosystèmes en y réintroduisant de grands herbivores. Mais ramener bisons, aurochs, tortues géantes et même mammouths dans notre monde moderne ne relève pas de la sinécure
La planète se réchauffe, les animaux et les plantes disparaissent et la pollution est partout: face à un monde naturel qui s’écroule, il y a de quoi céder au découragement. Les partisans du «réensauvagement», eux, proposent de se remonter les manches. Ces militants et scientifiques veulent reconstituer les écosystèmes naturels de manière volontariste, notamment par le biais de réintroductions d’espèces emblématiques… Quitte pourquoi pas à faire revivre des animaux disparus! Une vision décoiffante de l’écologie qui apporte un optimisme bienvenu à cette discipline, mais qui suscite aussi beaucoup de débats.
Un ouvrage récent et accessible à tous, intitulé Réensauvager la nature pour sauver la planète*, offre un tour d’horizon de cette démarche apparue dans les années 1990 dans le monde anglo-saxon, sous le terme de rewilding. Un mouvement qui part d’une frustration face à une destruction de la nature que rien ne semble pouvoir arrêter: «Nous sommes arrivés à la conclusion que malgré ses réussites, l’approche de la conservation de la nature des années 1980 est devenue excessivement bureaucratique, pessimiste et conservatrice. Le champ naissant du réensauvagement nous a semblé receler des modes de réflexion innovants», écrivent les auteurs, les Britanniques Paul Jepson et Cain Blythe, à la tête d’une société spécialisée dans la restauration des habitats.