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Dans les secrets du Léman

Une campagne scientifique mémorable débouche sur un livre passionnant

L’opération «Elemo» (comme Exploration, LEMan et… «eau») a représenté l’une des plus belles aventures scientifiques jamais entreprises en Suisse romande. — © OLIVIER MAIRE
L’opération «Elemo» (comme Exploration, LEMan et… «eau») a représenté l’une des plus belles aventures scientifiques jamais entreprises en Suisse romande. — © OLIVIER MAIRE

L’opération «Elemo» (comme Exploration, LEMan et… «eau») a représenté l’une des plus belles aventures scientifiques jamais entreprises en Suisse romande. Pendant trois mois, de juin à août 2011, elle a conduit une ribambelle de chercheurs suisses et internationaux dans les profondeurs du Grand Lac à bord de deux des sous-marins les plus performants du monde, les fameux submersibles russes Mir 1 et Mir 2. Il en a résulté une vaste récolte d’informations ainsi que, désormais, un ouvrage passionnant sur l’étendue d’eau douce la plus considérable d’Europe occidentale. Un livre qui a été présenté jeudi au Musée du Léman, à Nyon.

Les deux Mir n’ont pas été les premiers sous-marins à fréquenter la région. Ils ont été précédés par un submersible touristique, l’Auguste Piccard, lors de l’exposition nationale de 1964, et par un engin dédié à la recherche scientifique, le F.A.-Forel, quelques années plus tard. Mais ils ont mené une campagne d’exploration d’une intensité sans précédent grâce au concours du mécène Frederik Paulsen, homme d’affaires suédois et consul honoraire de Russie dans le canton de Vaud, et à la participation de plusieurs institutions académiques, aux premiers rangs desquelles figurait l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

L’ouvrage présenté jeudi lève le voile sur de nombreux mystères. Il traite de problèmes d’actualité comme la multiplication des micropolluants, un développement inquiétant qu’Elemo a pu étudier de façon exceptionnellement précise en 2011 au large de Vidy. Il aborde des pages d’histoire, à commencer par le fameux tsunami qui a balayé le Léman en 563 suite à l’éboulement du Mont Taurus (ou Tauredunum). Et il décrit toutes sortes de phénomènes naturels, tels les étranges «coussins» de sable visibles au fond du lac ou les courants complexes qui parcourent ses eaux et expliquent pourquoi ses pêcheurs retrouvent parfois leurs filets très loin de l’endroit où ils les ont laissés.

Le livre représente un bel effort de vulgarisation. Rédigé par des scientifiques, il aurait pu s’avérer d’une lecture difficile. Or, il se révèle à l’inverse très agréable à lire… ou à parcourir comme une petite encyclopédie. En raison de ses illustrations, bien sûr, cartes, graphiques et photos en abondance. Mais aussi grâce à sa manière plaisante d’aborder les sujets les plus sérieux. Les mouvements des masses d’eau, thème ardu s’il en est, sont ainsi introduits par une question toute simple: combien de temps faut-il à une goutte d’eau pour traverser le Léman, de l’embouchure du Rhône au pont du Mont-Blanc?

«Dans les abysses du Léman» , sous la direction d’Ulrich Lemmin, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2016, 238 pages.