Gliese 486 b, une exoplanète qui a tout pour plaire
astronomie
AbonnéCette planète de type Terre située à quelque 26 années-lumière se hisse parmi les candidates les plus intéressantes à l’étude approfondie de son atmosphère

Gliese 486 b. Retenez bien ce nom, car cette exoplanète initialement découverte en 2016 pourrait faire parler d’elle à l’avenir. Elle figure parmi les candidates les plus prometteuses pour une étude approfondie de son atmosphère, déclarent cette semaine des astrophysiciens dans la revue Science.
Après deux décennies passées à détecter toujours plus d’exoplanètes – on en compte à ce jour environ 4500 – les scientifiques ont entamé un nouveau chantier: analyser les compositions atmosphériques de celles jugées les plus susceptibles d’accueillir la vie. A ce titre, Gliese 486 b mérite qu’on s’attarde sur son pedigree car elle ressemble beaucoup à notre Terre.
Interactif: Attraper une exoplanète, mode d’emploi
Prétendante idéale
Elle coche en effet bien des cases pour en faire une prétendante idéale. Gliese 486 b est tout d’abord aisément observable. Elle est toute proche de nous, du moins selon les standards astronomiques, puisqu’elle orbite gentiment à 26 années-lumière du toit de nos maisons. C’est même l’une des exoplanètes les plus proches détectées par la méthode des transits, qui consiste à déduire leur présence lorsqu’elles passent devant leur étoile et la rendent ainsi légèrement plus obscure. Elle est de surcroît visible depuis les deux hémisphères terrestres, au voisinage de la constellation de la Vierge.
L’étoile autour de laquelle elle gravite, Gliese 486, est une naine M, une classe de petits astres d’une taille équivalente à 10 à 20% de celle du Soleil. «On obtient généralement des signaux de bonne qualité avec les planètes tournant autour des naines M, ce qui en fait des systèmes intéressants pour la détection d’exoplanètes de type Terre», éclaire Xavier Dumusque, astrophysicien à l’Observatoire de Genève.
Le rayon de Gliese 486 b vaut 1,3 fois celui de la Terre, sa masse 2,8 fois, ce qui fait d’elle une planète rocheuse. Elle est enfin située à une distance relativement courte de son étoile puisqu’elle en fait le tour en 1,4 jour seulement. Elle est, autrement dit, proche de l’étoile, et même un peu trop pour être dans la zone dite habitable, cette distance idéale pour autoriser la présence d’eau liquide dans l’atmosphère. Les scientifiques estiment que la température qui y règne serait de l’ordre de 500 degrés Celsius.
Deux types de spectroscopie pour sonder l’atmosphère
Si toutes ces caractéristiques intéressent les scientifiques malgré la probable absence d'eau liquide, c’est parce qu’elles laissent entrevoir la possibilité d’effectuer une analyse détaillée de l’atmosphère de Gliese 486 b, plus que pour la plupart des autres planètes.
Ils envisagent d’abord d’effectuer des mesures par spectroscopie de transmission, qui consiste à mesurer le spectre de la lumière de l’étoile passant à travers l’atmosphère planétaire. «On en déduit ainsi les molécules qui composent les couches superficielles de l’atmosphère, ainsi que leur proportion relative», détaille Xavier Dumusque. A ce titre, Gliese 486 b est une candidate presque aussi prometteuse que TRAPPIST 1b, une des planètes de type Terre les plus intéressantes, découverte en 2017.
Autre analyse prévue, une spectroscopie dite d’émission, qui mesure le spectre de la lumière stellaire réfléchie par la planète. «Cela permet de sonder différentes couches de l’atmosphère, pas uniquement les plus hautes», précise Xavier Dumusque. C’est le futur télescope spatial américain James-Webb, dont le lancement est prévu en octobre 2021, qui devrait se charger de cette tâche. En combinant ces deux types de mesures, les astrophysiciens espèrent obtenir une image très complète des gaz qui composent l’atmosphère de Gliese 486 b.
La spectroscopie d’émission n’a pas fini de faire parler d’elle non plus. D’ici vingt à trente ans, ce sera la principale technique de caractérisation des atmosphères planétaires, assure Xavier Dumusque. L’un de ses points forts est qu’elle ne nécessite pas d’attendre un transit, qui suppose un alignement de la Terre, de la planète et de son étoile.