Ne pas brûler les étapes
Justement, comment passer d’une simple observation à la découverte active? Doit-on se précipiter sur des instruments parfois coûteux? «Surtout pas, répond Eric Achkar. Il ne faut pas brûler les étapes et commencer par apprendre à repérer les planètes et les constellations. Sinon le matériel finira au grenier.» Une carte mobile, comme celle éditée par Stelvision, et une petite boussole permettent ainsi de s’orienter dans le ciel de nos contrées, quelles que soient la date et l’heure.
Dans un second temps, Eric Achkar suggère une paire de jumelles, qui offre une vision stéréoscopique, puisqu’elle sollicite nos deux yeux. «De plus, elle servira aussi le jour!» Il conseille un modèle de type 7x50. Comprendre un grossissement de 7 et un diamètre d’objectif de 50 mm. «Elles sont légères et lumineuses. Il faut choisir des jumelles de bonne qualité optique et dotées d’un pas de vis pour les installer si besoin sur un pied photo. On en trouve de très correctes entre 200 et 300 francs.»
Que peut-on voir, muni d’un tel instrument? «Il y a bien sûr la Lune et ses cratères. Les reliefs sont splendides, notamment à la limite entre ombre et lumière quand on regarde juste après le coucher du soleil, lors du premier quartier.» A la pleine lune, la lumière écrase les reliefs. «On peut aussi regarder l’amas des Pléiades, la nuit en hiver. A l’œil, on aperçoit sept ou huit étoiles. Avec des jumelles, on en observe des dizaines. Dans un ciel vraiment noir, comme dans le Jura ou en montagne, on apercevra le nuage laiteux de la galaxie d’Andromède ou le double amas Persée-Cassiopée. Dans la Grande Ourse, les jumelles révèlent que l’une des étoiles, la troisième du «manche de casserole», est double.» En revanche, voir les anneaux de Saturne exige un grossissement d’au moins 30 à 50, et donc un instrument conséquent.
La monture équatoriale, clé de la photo
Ce n’est qu’après avoir exploré le ciel à la jumelle qu’on peut envisager l’achat d’une lunette astronomique (deux lentilles) ou d’un petit télescope (un double miroir et une lentille). Tous deux révèlent d’autant plus de détails que leur diamètre est important, puisque ce sont des entonnoirs à lumière! Il existe deux types de montures pour ces instruments. La première, dite «azimutale», s’appuie sur deux axes de rotation, l’un horizontal (azimut) et l’autre vertical (hauteur). Une fois pointé sur l’objet, il faut constamment jouer sur ces deux réglages pour maintenir l’astre dans le champ de vision. «Jusqu’à un grossissement de 40, c’est tout à fait gérable, au-delà, cela devient gênant. Mais l’avantage de ces lunettes azimutales est qu’elles sont aussi utilisables le jour pour observer la nature.» Il faut compter 200 à 300 francs pour une petite lunette, et 1000 francs pour avoir un meilleur grossissement et une meilleure qualité mécanique.
La monture équatoriale, elle, simplifie la poursuite des astres, une fois l’instrument correctement calibré pour placer son premier axe parallèlement au plan de l’écliptique, celui qui englobe l’orbite terrestre autour du Soleil. Dès lors, pour suivre sa cible, un seul réglage suffit, lequel peut être aisément motorisé. Dans ce cas, la région observée reste parfaitement stable dans le champ de vision, une condition nécessaire pour l’astrophotographie, qui demande de longs temps de pose.
«Il ne faut pas hésiter à se faire aider à chaque étape, rappelle Eric Achkar. On apprend beaucoup plus vite à connaître le ciel avec un connaisseur. De même pour choisir une lunette ou un télescope, apprivoiser les réglages, découvrir les capteurs d’image ou les logiciels. C’est à cela que servent les associations comme la nôtre: partager et diffuser ce savoir, nos lectures, nos compétences, pour permettre au plus grand nombre de prendre du plaisir à observer le ciel qui se dévoile chaque nuit.»