Fred Terman, le père fondateur de la Silicon Valley
Innovation
Etudiant à Stanford avant d’y enseigner et de diriger son école d’ingénieurs, le Californien Fred Terman est considéré comme l’un des hommes à l’origine de la Silicon Valley

Dans le cadre d'une série d'articles, Le Temps raconte, depuis San Francisco, les innovations à venir dans les domaines scientifiques, technologiques ou culturels. Nos journalistes parcourent la ville, la Silicon Valley et la Californie pour découvrir les nouvelles tendances au coeur de ce laboratoire mondial de l’innovation.
A 12 ans, Frederick Emmons Terman voit une publicité dans un magazine pour une radio en kit. Il en assemble une et, après trois jours, capte un signal. Terman a avoué qu’il se serait sans doute tourné vers une autre technologie sans ce signal. Sa vie aurait été différente. Le destin de Stanford aussi.
«Fred Terman était marié mais sa vraie femme, c’était Stanford», résume John McLaughlin, président enthousiaste de l’association historique de la Silicon Valley. Le père de Fred Terman, connu pour avoir popularisé les tests de QI, y enseignait la psychologie. Lui-même en est sorti diplômé en chimie et en électronique avant de préparer son doctorat au MIT à Boston. Un poste d’assistant l’attend dans le prestigieux institut du Massachusetts mais il retourne en Californie pour l’été et tombe malade, victime de la tuberculose. Il se remet lentement, reste finalement à Palo Alto et commence à enseigner à Stanford en 1925.
Nommé à la tête du département d’électronique, Fred Terman est frustré de voir ses étudiants traverser le pays, faute d’opportunités à l’ouest. «Il les a encouragés à rester dans la région, comme lui l’avait fait, et à utiliser leur savoir pour créer ce que l’on appellerait aujourd’hui des start-up», écrit Richard Atkinson, l’ex-président des universités de Californie, dans une préface à la biographie de Fred Terman rédigée par C. Stewart Gillmor. «C’était une progression naturelle de nouer des liens avec les industries locales lancées par ses étudiants», poursuit-il. Parmi ces étudiants, William Hewlett et David Packard, diplômés en 1935.
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En quête de contrats fédéraux
Quand la Deuxième Guerre mondiale éclate, Terman retourne sur la côte Est et dirige 800 personnes dans un laboratoire secret chargé de bloquer les radars ennemis. Dans sa conférence «L’histoire secrète de la Silicon Valley», l’entrepreneur Steve Blank affirme que pendant le conflit, le gouvernement américain a dépensé 450 millions de dollars en recherche et développement d’armes. Le MIT en a récupéré 117 millions et Caltech 83 millions. Stanford? 50 000 dollars. Fred Terman comprend que son université n’est pas respectée.
«La recherche de guerre sera la base de l’expansion industrielle dans l’électronique. Stanford a une chance d’atteindre une position similaire à l’ouest à celle d’Harvard à l’est», prédit Fred Terman à l’approche de la guerre froide. Il part en quête des contrats défense et de leurs juteuses subventions pour recruter de meilleurs professeurs et développer l’université qui profitera ensuite des brevets générés par ses recherches.
A la base du parc industriel de Stanford
En 1951, il supervise la création du parc industriel de Stanford. Varian, General Electric, Lockheed, Hewlett-Packard y louent un emplacement. «On peut y voir le début de la Silicon Valley parce que la manœuvre a placé des milliers d’ingénieurs au même endroit. Quand ils quittaient une entreprise, ils n’avaient qu’à traverser la rue pour travailler ailleurs», explique John McLaughlin. Rebaptisé parc de recherches, il abrite aujourd’hui 150 entreprises dont Tesla Motors et VMware.
«Quand nous avons décidé de créer une communauté dans la Silicon Valley, il n’y avait pas grand-chose sur place et le reste du monde semblait immense. Maintenant, une grande partie du reste du monde est ici», a déclaré Fred Terman, décédé en 1982. Stanford a continué de grandir bien après lui. La Silicon Valley aussi.