En Guinée équatoriale, une course contre la montre pour tester des vaccins contre la fièvre de Marburg
Epidémie
Le petit pays d’Afrique centrale fait face pour la première fois de son histoire à une épidémie de cette dangereuse fièvre hémorragique. De potentiels nouveaux vaccins pourraient y être évalués, mais il faut faire vite

Alors que la Guinée équatoriale fait face à une épidémie de fièvre de Marburg, des chercheurs et des représentants d’ONG et de l’industrie pharmaceutique se mobilisent pour y tester en urgence des vaccins ou médicaments expérimentaux, sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’alerte a été donnée le 7 février à la suite de décès survenus à l’est du pays, dans la province forestière de Kié-Ntem, frontalière avec le Cameroun et le Gabon. A ce jour, 9 décès et une vingtaine de cas suspects ont été enregistrés. Plus de 4000 personnes ont été placées en quarantaine pour tenter de bloquer la propagation du virus.
«C’est la première fois qu’une flambée est confirmée en Guinée équatoriale: il s’agit donc d’une véritable émergence, dans un pays a priori sans historique de virus de fièvres hémorragiques. Les derniers cas de Marburg ont été enregistrés en 2021 en Guinée-Conakry et au Ghana, deux pays éloignés», souligne l’épidémiologiste Eric D’Ortenzio, spécialiste des maladies infectieuses émergentes à l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dans un article paru sur le site The Conversation.
Aucun traitement disponible
Transmise à l’être humain par le biais de chauves-souris frugivores, la fièvre de Marburg est une maladie virale apparentée à Ebola, qui a comme principaux symptômes de la fièvre, des hémorragies, des diarrhées et vomissements. Son taux de létalité varie de 24 à 80% selon les épidémies, d’après l’OMS.
La transmission interhumaine se fait principalement par des contacts avec des muqueuses ou du sang contaminés. La fièvre de Marburg occasionne régulièrement des épidémies dont les plus importantes se sont produites entre 1998 et 2000 en République démocratique du Congo (128 décès) et entre 2004 et 2005 en Angola (277 décès).
Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique contre cette pathologie, mais divers laboratoires à travers le monde planchent sur le sujet. Cinq candidats vaccins se présentent, dont deux ont déjà fait l’objet d’essais cliniques préliminaires encourageants: ceux des firmes Sabin et Janssen. Différents médicaments, dont des anticorps monoclonaux, sont aussi à l’étude.
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Le 14 février, l’OMS a convié différents spécialistes de la maladie à une réunion d’urgence, afin de tenter de mettre sur pied un essai clinique en Guinée équatoriale. Car concevoir un tel essai exige de respecter un certain nombre d’étapes: il faut sélectionner le vaccin ou le traitement le plus pertinent, déterminer quelles personnes vont le recevoir, demander l’avis d’un comité d’éthique, importer les doses requises, etc. Le tout en accord avec le gouvernement et les populations locales.
Tout cela prend du temps, et personne ne peut dire quand l’épidémie actuelle prendra fin. «L’OMS et les experts souhaitaient éviter de reproduire ce qui s’est passé en Ouganda durant la flambée d’Ebola qui a touché ce pays entre septembre 2022 et janvier 2023. Il n’avait en effet pas été possible d’évaluer l’efficacité du candidat vaccin retenu à cette occasion, car le temps que l’essai clinique se mette en place, l’épidémie était terminée», relate Eric D’Ortenzio.