Hacker pour la science à Genève
Innovation
Le hackathon est à l’honneur à Genève. Jusqu’à dimanche, l’Open Geneva Festival met en avant ce marathon de l’innovation collaborative sur de nombreux sites de l’agglomération

Ils sont ingénieurs, neurologues, programmeurs ou économistes. Leur but: contourner le fonctionnement habituel de la science. Eux, ce sont les participants du 3e Open Geneva Festival, qui se tient depuis le début de la semaine à travers toute l’agglomération genevoise.
Lancé en 2015 puis transformé en festival depuis 2017, l’événement promeut l’innovation ouverte. «Il s’agit de mettre en contact des gens qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas les mêmes compétences, mais qui ont l’envie de participer à des projets multidisciplinaires dans une ambiance de collaboration», explique Thomas Maillart, le président de l’événement, qui nous sert aussi de guide. «Beaucoup de groupes, universitaires, associatifs ou économiques, voulaient organiser un hackathon dans leur coin. L’idée a donc été de leur proposer de se réunir, afin d’atteindre une masse critique et d’attirer le regard.»
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Issu du monde de la programmation, le hackathon consiste, à l’origine, à rassembler plusieurs groupes de développeurs informatiques et de leur proposer un projet sur lequel plancher ensemble durant un à trois jours en continu. Le but étant, à la fin du temps imparti, d’obtenir un prototype fonctionnel répondant à la problématique initiale. Aujourd’hui, ce concept s’est exporté dans de nombreux secteurs. Se sont ainsi enchaînés cette semaine des hackathons portant sur les nouvelles formes de recrutement, sur le futur du journalisme, sur la mode ou différents secteurs de la santé.
Synergie entre les acteurs
Luca, organisateur du HackaHealth, installé sur le Campus Biotech, est parti de son expérience familiale pour proposer ce hackathon. Il veut faire collaborer ingénieurs et handicapés pour trouver des solutions aux problèmes du quotidien. «Ma sœur est née prématurée et avait besoin d’un exosquelette pour l’un de ses bras. En tant qu’ingénieur, j’ai cherché une solution à ses difficultés. Elle a alors souhaité participer le plus activement possible, notamment sur le plan esthétique.»
Pour Stéphanie, qui travaille aussi sur le projet, c’est le point fort du groupe. «On peut vraiment partir de problèmes concrets et tester directement les prototypes avec les personnes concernées. Cela permet d’avancer très vite. Entre électroniciens, mécaniciens, programmeurs et patients, la synergie se fait rapidement.» Ce type d’approche privilégie également le système D, afin d’être accessible à tous.
Culture de l’open source
A la question du futur potentiel des prototypes qui seront développés, la réponse est claire: «La plupart de ces projets ont une faible rentabilité car ils répondent à des besoins très spécifiques, ajoute la jeune femme. C’est pour cette raison que l’on privilégie l’open source, afin que tout le monde puisse s’en servir selon ses besoins.» «L’ADN du festival, c’est l’innovation au service de la société, détaille de son côté Didier Faure, coorganisateur du festival. L’open source n’est pas obligatoire, mais fortement encouragé. Si des questions de droit ressortent, il faut que tous les membres du groupe soient d’accord.»
Même son de cloche au Brainhack, hackathon principalement dédié à l’imagerie cérébrale. Manik, un des participants, développe avec son équipe un cerveau imprimé en 3D qui s’illumine en fonction de l’activité cérébrale. Le projet sera aussi disponible en open source. Son groupe s’est créé sur place, sans se connaître à l’avance. On y trouve des neurologues, des développeurs, des ingénieurs et, au milieu, une économiste politique. Originaire de Serbie et travaillant au CERN, Jelena est une passionnée de science depuis longtemps. Le hackathon était l’occasion pour elle de s’y investir tout en découvrant de nouvelles compétences.
Robots et éthique
Autre lieu, autre ambiance: dans les bureaux de Hewlett Packard Enterprise, à Meyrin, point de codage ni de prototype à développer, mais une réflexion commune sur l’avenir des robots et des questions de société que pose la généralisation des intelligences artificielles dans notre quotidien. Dans ce groupe se référant volontiers à Asimov et à Arthur C. Clarke, la volonté première est de permettre à tous, simples citoyens comme experts, de donner leur avis sur un pied d’égalité.
Open Geneva Festival, du 18 au 24 mars 2019. Programme complet sur: opengeneva.org. Une présentation au public des prototypes du HackaHealth est également prévue dimanche dès 17h au Campus Biotech.