Harps-N: copie boréale du meilleur des instruments de détection
Astronomie
Le spectrographe «genevois» Harps-N est installé ces jours sur un des télescopes terrestres de l’Observatoire de La Plama, aux îles Canaries
Tous les spécialistes sont d’accord: Harps, un spectrographe de l’Université de Genève installé en 2003 sur un télescope de 3,6 mètres de diamètre situé à La Silla (Chili), est l’instrument de référence pour la traque aux exoplanètes par la méthode des vitesses radiales.
L’idée est simple: en orbitant autour de son étoile, l’exoplanète lui imprime, à travers la force de gravitation, un mouvement de rotation autour du centre de gravité du couple étoile-planète. Selon que l’étoile s’approche ou s’éloigne de l’observateur coincé sur Terre, la longueur d’onde de la lumière stellaire diffère, de la même manière que varie le son de la sirène d’une ambulance qui s’approche ou s’éloigne d’un piéton: c’est l’effet Doppler. Or c’est cette lumière que traque Harps. A partir de cette mesure sur l’étoile, la présence d’éventuels compagnons planétaires peut être déduite, ainsi que leur masse.
L’instrument a montré une telle finesse que ses concepteurs, avec des groupes italiens, écossais (Université d’Edimbourg) et américain (Harvard) ont décidé de construire son frère jumeau, Harps-N (pour Nord), avec un budget de 5 millions d’euros et la participation d’entreprises suisses (APCO à Vevey, Fisba Optik à Saint-Gall, et Thin Film Physics à Regensdorf).
Vers la voûte septentrionale
Après avoir été monté dans la salle «blanche» (sans poussières) de l’Observatoire de Genève, il est installé ces jours sur le Telescopio Nazionale Galileo, à La Palma, une des îles Canaries. «La première lumière est prévue pour avril», dit Francesco Pepe, chef genevois du projet.
Harps-N sera pointé vers le ciel septentrional, au contraire de Harps qui observe celui de l’hémisphère sud. «Et plus particulièrement sur les exoplanètes repérées par le télescope spatial américain Kepler, dont on ne connaît que le diamètre», dit Francesco Pepe. Autant d’étapes pour déterminer la composition (rocheuse, liquide, gazeuse) de ces autres mondes du cosmos, dont on cherche toujours avec certitude une sœur de la Terre située dans la zone habitable.