Frottements et dégénération
L’articulation est la jointure entre les os, celle de la hanche relie le fémur à l’os du bassin. Pour être fonctionnelle, il ne suffit pas que la tête fémorale soit simplement emboîtée dans la cavité prévue dans le bassin. Comme pour toute autre articulation saine, les frottements doivent être le plus faibles possible pour ne pas user les structures. Pour ce faire, les os sont recouverts d’une matrice: une couche de cartilage créant une surface lisse recouverte de lubrifiant. L’arthrose est une usure de ce revêtement cartilagineux. Plus précisément, certaines protéines internes qui le composent, les protéoglycanes, sont altérées.
L’arthrose est principalement une problématique liée à l’âge.
Ces dernières ne peuvent plus remplir leur rôle d’éponge et retenir l’eau nécessaire au bon fonctionnement de la matrice. En parallèle, les chondrocytes, les cellules composant le cartilage, n’arrivent plus à nourrir les divers éléments qui le composent. N’étant pas vascularisée, les nutriments en provenance du sang ne peuvent pas assurer son approvisionnement en ressources.
Dès lors, c’est l’effet boule de neige, la lubrification n’est plus assurée, les coefficients de frottement s’élèvent, des fissures se créent et les tissus articulaires sont détruits. Cela peut même mener à l’érosion des os. L’arthrose, contrairement à l’arthrite, n’est donc pas une maladie inflammatoire, mais dégénérative.
Age, usure et sédentarité
L’arthrose, en général, est très répandue, surtout chez les personnes de plus de 65 ans, touchées à plus de 90%, selon la Revue médicale suisse. En ce qui concerne la hanche, les médecins et scientifiques connaissent de nos jours de plus en plus les mécanismes provoquant une arthrose, indique le Dr Christofilopoulos, chirurgien de la hanche à l'Hôpital de la Tour. Certains facteurs sont reconnus pour avoir une relation de cause à effet. Parmi eux, l’âge, la génétique et l’hérédité, l’activité physique intense — le sport comme les travaux manuels lourds, la sédentarité, la mauvaise posture, ou la surcharge articulaire liée au surpoids. «L’arthrose est principalement une problématique liée à l’âge. Le vieillissement de la population occidentale en fait une maladie très présente dans cette partie du monde», indique le Dr Grégory Fleury, rhumatologue à l’Hôpital de La Tour. Malheureusement, l’arthrose peut aussi parvenir très tôt chez des patients jeunes en cas de malformations de l’articulation.
Agir sur les cercles vicieux
L’arthrose ne se guérit pas. «Il n’y a que des soins palliatifs, rien de curatif. Le cartilage ne se répare malheureusement pas, même s’il est techniquement possible de fabriquer des cellules cartilagineuses, la trame articulaire ne peut pas se fabriquer», précise Grégory Fleury. Par contre, des mesures préventives ou de soutien peuvent améliorer sensiblement les conditions de vie ou supprimer la douleur.«Dans des cas de malformations articulaires, chez des patients jeunes, nous pouvons agir avant qu’il ne soit trop tard pour prévenir la destruction du cartilage et ralentir ainsi l’arrivée de l’arthrose», précise le Dr Christofilopoulos.
Le cartilage n’étant pas innervé, il ne provoque pas de douleur en soi. Celles-ci proviennent de la capsule articulaire. Quand le cartilage est usé, les frottements surviennent directement sur les surfaces osseuses et les symptômes sont caractérisés par une douleur très intense pouvant provoquer un arrêt total de la mobilité des patients. Les traitements actuels consistent, dans un premier temps, à tenter de contrôler la douleur pour remettre les personnes en activité. Des exercices physiques sont couplés à la prise d’antalgiques.L’affaiblissement des tissus autour de l’articulation est, quant à lui, traité par physiothérapie et ergothérapie. II faut également agir sur le poids des patients. «S’il y a perte de mobilité, c’est un cercle vicieux qui s’enclenche: la prise de poids freine la mobilité et exacerbe encore les douleurs qui ne poussent pas à bouger. L’interdisciplinarité présente à La Tour permet d’être à proximité des différents professionnels et de placer chaque patient au centre du travail en équipe. Les soins sont ainsi coordonnés entre les physiothérapeutes, les orthopédistes et le centre du métabolisme qui s’occupe des problèmes de poids», ajoute le rhumatologue.
Dans des phases plus avancées de l’arthrose, un geste invasif peut être pratiqué. «Nous effectuons des infiltrations de cortisone sous contrôle d’imagerie que ce soit par échographie ou scopie.» Pour ce faire, les rhumatologues travaillent main dans la main avec les radiologues. «Nous avons d’ailleurs la chance de pouvoir compter sur des radiologues spécialisés en ostéo-articulaire à La Tour», se réjouit-il. Malheureusement, la cortisone peut avoir des effets secondaires et son infiltration ne peut être répétée plus de trois fois par an.
Incurable, mais pas irremplaçable
Si les traitements non ou peu invasifs sont inefficaces et que la qualité de vie des patients est très atteinte, la pose d’une prothèse de hanche est envisagée. «On change le couple de frottement articulaire par un corps étranger, appelé une prothèse, qui fonctionne sans douleur. Les matériaux ont un coefficient de friction adéquat qui redonne de la mobilité au patient», décrit Panayiotis Christofilopoulos.
Selon lui, 2% de toutes les interventions chirurgicales effectuées dans le monde sont des poses de prothèses de hanche, il y en aurait un million réalisées dont 10 000 en Suisse. De plus, leur fréquence augmenterait de 1,5 à 2% par année. A l’Hôpital de La Tour, 350 opérations par an sont réalisées. Une intervention au mode opératoire bien rodé qui n’en reste pas moins une intervention lourde avec des risques opératoires et des complications telles que des infections, des luxations, ou des fractures.
La chirurgie est une agression, si elle n’améliore pas la vie du patient, ce n’est pas la peine! DR Panayotis Christofilopoulos, Chirurgien de la hanche à l'Hôpital de la Tour
L’opération ne nécessite que trois jours d’hospitalisation en moyenne, grâce à une intervention rapide et peu invasive rendue possible par l’expérience des chirurgiens. Une attention constante est aussi accordée pour éviter les infections, dont aucune n’est à recenser de 2017 à 2020 à l’Hôpital de La Tour, alors que les moyennes internationales se situent à 1,8%. De plus, seulement 0,3% de luxation et 2% de patients transfusés sont répertoriés. Pour Panayiotis Christofilopoulos, «la force de l’équipe provient en partie de la spécialisation des professionnels de la santé. Tous les corps de métier sont ultra-spécialisés, de l’instrumentiste au chirurgien, en passant par les infirmiers. Cela permet de limiter les erreurs au maximum, car toute l’équipe connaît les gestes appropriés à toutes les particularités de l’arthrose de la hanche.»
Au-delà des statistiques
Un autre facteur d’excellence est l’approche interdisciplinaire de cet hôpital. Elle inclut l’analyse systématique des résultats visant à l’amélioration continue, non pas uniquement des statistiques de réussite postopératoires, mais aussi des facteurs de qualité de vie du patient. Pour ce faire, les spécialistes de la hanche collectent des données spécifiques depuis cinq ans. «On répète les mesures avant et après pour savoir objectivement si l’opération est un succès. Nous utilisons des indicateurs validés par des recherches cliniques. Ils permettent d’enlever la subjectivité et de prendre en compte le ressenti du patient pour faire évoluer et améliorer continuellement nos pratiques.», précise-t-il.
De telles approches se mettent petit à petit en place en Suisse, elles sont désormais obligatoires dans le canton de Zurich. La Suisse romande est en retard, mais à La Tour «nous voulons être proactifs. Nous sommes avant-gardistes dans l’adoption de ces outils, avance le chirurgien de la hanche. La chirurgie est une agression, si elle n’améliore pas la vie du patient, ce n’est pas la peine! La remise en question amenée par ces indicateurs nous permet d’aborder les choses avec empathie, sans nous cacher derrière la complexité d’une chirurgie!»
Cohésion de parcours et d’équipe
Si indication en faveur d’une opération il y a, ce n’est ni le chirurgien ni le rhumatologue, mais le patient qui décide. «Son diagnostic lui est présenté ainsi que les scores de l’évaluation faite à son égard par rapport aux avantages d’une opération. Toutes les options lui sont avancées», ajoute Panayiotis Christofilopoulos. La démarche fait également partie des approches interdisciplinaires où toutes les professions de soins prennent part au processus de décision, y compris le patient. «Cela joue un rôle important dans la relation de confiance avec le patient et influence positivement le résultat final», complète Grégory Fleury.
Que ce soit pour améliorer la mobilité du patient, pour pratiquer des traitements analgésiques ou effectuer des interventions plus invasives, l’approche est la même. «C’est l’équipe traitante dans son ensemble − physiothérapeute, médecin du sport, rhumatologue et chirurgien −, qui s’accorde sur le meilleur traitement pour ensuite parler à l’unisson. C’est important pour éviter les deuxièmes avis médicaux qui coûtent cher aux systèmes de santé.», poursuit le rhumatologue. L’Hôpital de La Tour a en effet pensé la prise en charge du patient avec un parcours de soins sur mesure, où tous les acteurs sont présents physiquement grâce à une vraie proximité de lieu et une richesse de savoir-faire mobilisable rapidement, pour vaincre le calvaire des douleurs induites par l’arthrose de la hanche et donner à ses patients les meilleures chances de retrouver la meilleure qualité de vie possible.
Conférence publique en ligne (webinar) sur l’arthrose de la hanche
Evénement gratuit
Mercredi 4 novembre 2020, 18h30, Hôpital de la Tour
Conférenciers:
- DR MED. PANAYOTIS CHRISTOFILOPOULOS, chirurgien de la hanche
- DR GREGORY FLEURY, rhumatologue
- GUILLAUME SERVANT, physiothérapeute
Programme et inscriptions ici