Depuis lundi, les personnes qui empruntent les transports en commun en Bavière doivent porter un masque de type FFP2, plus filtrant que les masques chirurgicaux. Une mesure que l’Allemagne envisage désormais d’étendre à l’ensemble du pays. L’Autriche, elle, a déjà sauté le pas, et imposera ce type de masques aux usagers des bus et métros dès le 25 janvier. Objectif de la mesure: contrer la résurgence actuelle de la pandémie et faire face à l’émergence des nouveaux variants hautement transmissibles du SARS-CoV2. En Suisse, des syndicats d’enseignants réclament eux aussi des masques FFP2. Une approche qui ne convainc pas Laurence Senn, médecin responsable de l’unité hygiène, prévention et contrôle de l’infection au CHUV de Lausanne.

Le Temps: A quel point les masques FFP2 protègent-ils mieux que les masques chirurgicaux?

Laurence Senn: Les masques chirurgicaux filtrent 98% des gouttelettes. Quant aux masques FFP [pour filtering face piece, ndlr], ils offrent un meilleur niveau de protection contre les gouttelettes de très petite taille, appelées aérosols, parce qu’ils sont composés d’un matériau plus filtrant que les masques chirurgicaux, et parce qu’ils épousent mieux la forme du visage, permettant ainsi une bonne étanchéité s’ils sont correctement positionnés. Il existe différentes catégories de masques FFP, allant du FFP1 au FFP3, ce dernier ayant le meilleur pouvoir de filtration.

L’émergence de nouveaux variants du coronavirus rend-elle les masques chirurgicaux caducs?

Non. Le SARS-CoV2, comme ses mutants, se propage de manière prédominante par les gouttelettes et par les mains à la suite d’un contact avec des surfaces contaminées. Il n’y a donc pas lieu de changer le niveau de protection dans la population et de promouvoir le recours généralisé au masque FFP2. En revanche, il est important de respecter scrupuleusement les mesures que nous connaissons déjà, soit le port correct du masque, une bonne hygiène des mains et le respect de la distanciation entre les personnes.

Je prends régulièrement les transports publics, et je constate que de nombreuses personnes manipulent leur masque avec les mains, ou le portent sous le nez, voire sous le menton! L’hygiène des mains n’est pas non plus suffisamment respectée. Chacun d’entre nous devrait avoir un flacon de solution hydroalcoolique à portée de main lorsqu’il sort de son domicile. Le recours plus systématique au télétravail, récemment introduit en Suisse, est positif car il va permettre de limiter la fréquentation des transports publics et donc de garder plus facilement les distances entre les usagers.

En France, le Haut Conseil de la santé publique vient de recommander d’éviter certains masques en tissu. Faut-il remiser ce type de masques?

Il existe différents types de masques en tissu, de qualité variable. Ceux qui respectent certaines normes, comme la certification Testex en Suisse, ou Afnor (catégorie 1) en France, offrent des niveaux de protection comparables à ceux des masques chirurgicaux. Les masques ne répondant pas à ces normes sont déconseillés.