Quand l’histoire des volcans nous est contée par des récits médiévaux d’éclipses lunaires
Les descriptions d’éclipses de Lune, plus sombres que d’habitude, dans des écrits médiévaux ont permis de retracer des éruptions volcaniques du passé. Une manière de mieux comprendre les liens entre nuages d’aérosols et variations climatiques, relèvent des chercheurs genevois
L’été 1816, sur les bords du Léman, est marqué par des températures très froides. Au point que de jeunes Anglais réfugiés dans la villa Diodati, à Cologny, décident de se faire peur en écrivant des histoires d’horreur. Ainsi naîtra le très célèbre récit fantastique Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. A l’origine de ce concours de circonstances, une éruption volcanique à des milliers de kilomètres de la Suisse, en Indonésie. Un an plus tôt, le 5 avril 1815, le volcan du Tambora est entré en éruption et a émis dans l’atmosphère une quantité énorme de cendres et de gaz qui bouleversa le climat de la planète l’année suivante, jusqu’en Europe.
«Les grandes éruptions volcaniques injectent des particules et des gaz, en particulier dans la couche la plus haute de l’atmosphère, la stratosphère, explique Sébastien Guillet, paléoclimatologue à l’Université de Genève. Ces gaz, en majorité du dioxyde de soufre, s’oxydent et réagissent avec la vapeur d’eau, ce qui forme une fine pellicule d’aérosols volcaniques. Cette dernière renvoie vers l’espace une partie du rayonnement solaire, provoquant une diminution de la température globale terrestre.»