La maladie d’Alzheimer se propagerait d’une zone cérébrale à l’autre comme une infection
neurologie
Alzheimer se propagerait d’une zone à l’autre du cerveau en suivant les branchements entre les cellules cérébrales comme une infection, révèle une étude américaine sur des souris publiée mercredi. A terme, peut-être, la possibilité d’enrayer la maladie dès ses débuts
La maladie d’Alzheimer se propagerait d’une zone du cerveau à l’autre le long des circuits cérébraux, selon des recherches effectuées aux Etats-Unis sur des souris et publiées mercredi 1er février qui pourraient ouvrir la voie à des traitements pour les humains. Cette étude parue en ligne dans la revue PloS One confirme une nouvelle hypothèse d’évolution d’Alzheimer selon laquelle cette maladie se développe un peu comme une infection.
Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un agent infectieux, mais d’une protéine anormale appelée Tau, dont l’agrégation sous forme de filament étouffe et détruit progressivement l’ensemble des cellules nerveuses ou neurones. Cette découverte laisse penser que bloquer ce processus suffisamment tôt pourrait empêcher la propagation de cette maladie dévastatrice et incurable. «Des recherches précédentes, dont celles conduites avec des IRM [imagerie par résonance magnétique] sur des humains avaient déjà révélé ce type de propagation de la maladie», souligne le Dr Scott Small, professeur de neurologie à la faculté de médecine de l’Université Columbia à New York, co-auteur de l’étude.
Un passage depuis le cortex jusqu’ à l’hippocampe
«Mais ces différentes recherches ne permettaient pas de montrer avec certitude qu’Alzheimer se propage directement d’une région du cerveau à l’autre», ajoute-t-il dans un communiqué. Pour ce faire, ces chercheurs ont développé des souris transgéniques porteuses du gène produisant une forme anormale de la protéine humaine Tau dans le cortex entorhinal. Les cerveaux de ces souris ont été analysés à différents moments au cours d’une période de vingt-deux mois pour établir la carte de la progression de la protéine Tau. Ils ont constaté qu’au fur et à mesure que ces souris vieillissaient, cette protéine se propageait le long d’un passage anatomique depuis le cortex entorhinal, important pour la mémoire, jusqu’à l’hippocampe puis au néocortex.
«Cette progression est très similaire à ce que nous voyons aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer chez les humains», explique le Dr Karen Duff, professeur de pathologie en psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université Columbia, principal auteur de cette communication. Ces chercheurs ont aussi trouvé des indications laissant penser que la protéine Tau se déplaçait d’un neurone à l’autre via les synapses, sorte de lien entre ces cellules cérébrales, que celles-ci utilisent pour communiquer entre elles.