A Neuchâtel, une exposition propose un voyage dans les méandres du tube digestif
Sciences naturelles
Le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel présente depuis le 27 novembre sa nouvelle exposition temporaire «Manger, la mécanique du ventre». Une épopée ludique et interactive qui emmène le visiteur au cœur des entrailles et des boyaux

On nous avait promis de la science, mais aussi de la musique et des bruits intempestifs. Nous avons été servis. C’est en effet par un concert de flatulences, de borborygmes et de rots que démarre la toute nouvelle création du Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel (MHNN).
Conçue comme une véritable promenade à l’intérieur du tube digestif et de ses organes, l’exposition «Manger, la mécanique du ventre» ambitionne de redonner ses lettres de noblesse à la digestion, ce processus naturel et autonome dont nous n’avons souvent pas conscience… malgré les bruits quelque peu gênants qui l’accompagnent. Que se passe-t-il dans notre organisme une fois un repas englouti? Comment les nutriments contenus dans une pomme parviennent-ils à nos cellules? Pourquoi peut-on boire la tête à l’envers? Voici quelques-unes des interrogations – assez communément répandues – auxquelles répond ce voyage digestif neuchâtelois.
Une volonté de vulgarisation
De la bouche à l’anus, en passant par l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle, l’appendice et le gros intestin, le visiteur explore tous les passages obligés d’un aliment dans le tube digestif, de son ingurgitation à son évacuation. Conçue à la façon d’un poste de douane, la salle dédiée à l’intestin grêle est peut-être celle qui symbolise le mieux l’objectif de vulgarisation que s’est donné le Muséum. «Il s’agit ici de faire comprendre que la frontière entre l’extérieur et l’intérieur du corps humain ne se limite pas à la bouche, mais bien à la paroi de l’intestin grêle, explique Christophe Dufour, directeur du MHNN. Tant que les nutriments ne traversent pas cette paroi, ils ne jouent aucun rôle sur notre métabolisme.»
En parallèle, le parcours met en lumière les particularités du cycle digestif du règne animal. Des particularités aisément comparables à celles de l’homme d’un point de vue biologique, mais qui témoignent aussi de l’adaptation de chaque espèce à son régime et à son environnement. La «salle d’attente», comprenez celle que l’exposition consacre à l’estomac, illustre à ce titre les trois grands types de digestion que connaissent les animaux. «Nous avons pris les ambassadeurs de chacun de ces trois groupes, commente Christophe Dufour. Il y a le serpent, qui digère ses aliments grâce à des processus purement chimiques, puis la vache, dont l’intestin abrite une population microbienne capable de se nourrir de la cellulose contenue dans l’herbe. Enfin, il y a les oiseaux, qui broient mécaniquement leur nourriture grâce à de petits cailloux contenus dans leur estomac.»
Parmi les autres espaces qui jalonnent la promenade, l’on retient également celui que Christophe Dufour surnomme la «bijouterie». Y sont exposées – en vitrine bien entendu – de nombreuses variétés de crottes d’origine humaine, animale voire même plus: «Nous exposons aussi des crottes fossilisées. L’une d’entre elles contient la dent d’un petit singe appelé le 'Leptadapis magnus'. Si l’auteur de cette crotte n’a pas été identifié, nous savons en revanche que celui-ci était friand de ce genre de primates.»
En musique
Agrémentée de bornes interactives, de films d’animation, de jeux et de quiz, l’exposition accorde également une place prépondérante à la musique. Original. «Nous voulions associer la musique à la science. Cela ne s’était jamais fait auparavant, souligne Christophe Dufour. Nous avons donc confié la réalisation de tous les effets sonores au trio neuchâtelois des Petits Chanteurs à la Gueule de Bois. En plus des bruitages, ils ont également composé les quatre chansons qui constituent la trame narrative de l’exposition. Le résultat, s’il est empreint d’une bonne dose d’humour, est parfaitement cohérent d’un point de vue scientifique.»
Pour Christophe Dufour, qui lâchera son poste de directeur à la fin de l’année, cette nouvelle exposition temporaire représente la dernière d’une série entamée il y a 36 ans. «Je la vois comme un condensé des solutions muséographiques que nous avons explorées durant toutes ces années. Le savoir-faire a énormément progressé depuis les années 1980. Pour ma part, je me suis toujours appliqué à développer une forme de scénographie qui puisse porter au mieux des sujets de science. Il était important pour moi de passer du simple poster informatif à une véritable mise en scène.»
L’exposition «Manger, la mécanique du ventre» se tient au Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel jusqu’au 26 novembre 2017. A voir, à écouter et à toucher sans modération.