Opposition à l’abattage des oliviers malades
Agronomie Epidémie en Italie
«Aucun sens» pour les uns, «une absurdité» pour les autres: réunis jeudi à Lausanne pour une conférence de presse, des scientifiques ont tapé du poing sur la table. L’objet de leur mécontentement: la gestion politique de l’épidémie de Xylella fastidiosa, une bactérie qui contamine depuis 2013 les oliviers du Salento, dans le sud de l’Italie. Cette maladie (dite de Pierce) est suivie de près par l’Union européenne (UE), qui redoute sa propagation dans toute l’Europe, y compris en Suisse. A tel point que Bruxelles pourrait envisager l’abattage préventif de milliers d’arbres, ainsi que l’épandage massif de divers pesticides. Et ce alors même que les scientifiques demeurent très sceptiques quant à l’efficacité d’une telle mesure.
Politique de la terre brûlée
«Abattre autant d’arbres ne résoudra rien», a averti Brigitte Mauch-Mani, phytopathologue à l’Université de Neuchâtel. Faute d’oliviers, les insectes transmettant la maladie, tels que la cicadelle, pourraient tout à fait contaminer d’autres arbres. «Près de 300 espèces végétales sont porteuses asymptomatiques», ajoute Brigitte Mauch-Mani. En clair, bien que ces plantes soient infectées par la bactérie, elles ne sont pas malades mais peuvent néanmoins contaminer d’autres espèces vivantes. «Faudrait-il donc tout abattre dans la région? Cela n’a aucun sens», déplore la chercheuse. Face au tollé suscité par cette politique de la terre brûlée, le comité phytosanitaire permanent de l’UE se réunit jusqu’à ce vendredi. Nul ne sait si une quelconque décision sera prise, ni sous quelle forme. Alors que faire? Pour Brigitte Mauch-Mani, il faut vive avec. «Les plantes sont capables de s’adapter, des résistances émergeront spontanément, prédit-elle. La nature ne nous a pas attendus pour affronter les maladies.»