L’agence de presse américaine AP a annoncé lundi la mort de Vera Rubin, astronome connue pour avoir apporté la preuve irréfutable de l’existence de la matière noire. Elle est décédée dimanche dans la nuit de causes naturelles à l’âge de 88 ans, selon son fils, Allan Rubin, professeur en géosciences à l’Université de Princeton, aux Etats-Unis.

Vera Rubin, née à Philadelphie en 1928, a décrit en 1975 la courbe de la rotation des galaxies dont la vitesse est supérieure à celle des prédictions, laissant suggérer l’existence d’une autre force, la matière sombre. Le travail de l’astrophysicienne a confirmé une hypothèse émise déjà en 1933 par le physicien suisse Fritz Zwicky.

La matière sombre, qui constitue plus d’un quart de l’Univers – cinq fois plus que la matière visible de toutes les galaxies –, n’a pas été observée directement et sa nature demeure inconnue. De nos jours, les scientifiques essaient de caractériser les ingrédients de la matière sombre en construisant une batterie d’instruments – comme ceux développés par le CERN – capables de détecter les corpuscules la constituant.

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Les travaux publiés par Vera Rubin lui ont valu de recevoir un grand nombre de prix. Elle a été la deuxième femme astronome à être élue à l’Académie des sciences aux Etats-Unis. Sa contribution scientifique, avec celle du physicien Kent Ford, a été citée en novembre 2016 parmi les grandes découvertes en lice pour le Nobel de physique.

Vera Rubin s’est intéressée à l’astronomie dès son plus jeune âge et sa passion a perduré grâce à l’influence de son père ingénieur, Philip Cooper, qui l’a aidée à construire son premier télescope.

Un parcours semé d’embûches

«Il va sans dire qu’en tant que femme scientifique, Vera Rubin a dû surpasser un certain nombre de barrières au cours de sa carrière», a twitté lundi Sean Carroll, physicien à l’Institut technologique de Californie (Caltech).

L’astrophysicienne a été la seule à sortir diplômée de sa promotion en 1948 au Vassar College. Elle pensait pouvoir rentrer à Princeton par la suite, mais elle a découvert que les femmes n’étaient pas admises dans le programme doctoral d’astronomie de cette université. Elle a donc poursuivi ses études de master à l’université privée américaine Cornell.

Vera Rubin a obtenu son doctorat à l’Université de Georgetown, où elle a travaillé plusieurs années avant de rejoindre la Carnegie Institution, une fondation de recherche scientifique à Washington. Pendant sa carrière, Vera Rubin a étudié plus de 200 galaxies.

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