Coronavirus
Un vaste essai clinique panafricain a été lancé depuis Genève afin d’identifier un traitement capable de prévenir la progression vers une forme grave de la maladie, alors que le continent est confronté à une pénurie de vaccins

Alors que de nombreux pays vaccinent en masse leur population, l’accès au vaccin sur le continent africain est, quant à lui, toujours extrêmement compliqué. Selon la directrice pour l’Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Matshidiso Moeti, l’Afrique demeure en marge des campagnes de vaccinations anti-covid, avec seulement 2% des vaccins administrés dans le monde. Des retards qui s’expliquent par des problèmes de financement, de pénurie, mais aussi logistiques.
En parallèle, de nombreux pays africains sont confrontés à des unités de soins intensifs débordées par les patients atteints du Covid-19, et doivent affronter l’arrivée de nouveaux variants du SARS-CoV-2 plus transmissibles, qui pourraient encore faire grimper le nombre de cas, tout en menaçant l’efficacité des vaccins actuels.
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Face à cette situation, un consortium réunissant 26 institutions – dont l’Institut tropical et de santé publique Suisse – et 13 pays africains, coordonné par l’organisation de recherche indépendante basée à Genève, la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), a décidé de mener un vaste essai clinique panafricain, appelé Anticov, afin de chercher un traitement abordable et facilement administrable, qui serait capable de prévenir une évolution vers des formes sévères du Covid-19, de diminuer la transmission et éventuellement de réduire les risques d’effets à long terme, ce que l’on appelle le covid long.
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Nouvelle association médicamenteuse
Dans ce cadre, un nouveau bras d’étude vient d’être lancé afin d’évaluer l’efficacité d’un traitement potentiel associant le nitazoxanide, un médicament antiparasitaire, et le ciclésonide, un corticostéroïde administré par inhalation. Le premier pourrait entrer en action lors de la première phase de la réplication du virus, alors que le second diminuerait la probabilité d’apparition d’une phase inflammatoire.
«Ces deux médicaments sont déjà disponibles sur le marché et si leur efficacité contre le Covid-19 est démontrée, ils offriront l’avantage d’être abordables et faciles d’accès et d’administration», cite le communiqué diffusé le 27 avril. Les premiers participants ont été recrutés en République démocratique du Congo et en République de Guinée, avant que l’essai clinique ne soit élargi aux 11 autres pays participants.
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Commencé en septembre 2020, Anticov avait déjà mis à l’essai l’association d’antirétroviraux anti-VIH lopinavir/ritonavir ainsi que l’hydroxychloroquine, un antipaludique, avant que ces bras de l’étude ne soient suspendus en décembre 2020, suite aux recommandations de l’OMS édictant de ne plus utiliser ces médicaments pour traiter les cas de Covid-19. «Même si nous disposons à présent de vaccins homologués, il existe encore très peu de traitements disponibles, analyse Nathalie Strub-Wourgaft, directrice chargée de la réponse au Covid-19 de DNDi. Cela reste une priorité de recherche en Afrique – et dans le monde entier.»