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Recovery persiste et signe concernant la chloroquine

Les dernières preuves scientifiques de l'essai clinique britannique ne plaident pas en faveur de l'usage de l'hydroxychloroquine à l'hôpital

L'étude britannique Recovery a examiné la mortalité à 28 jours chez 4716 patients Covid-19 hospitalisés. — © George Frey/REUTERS
L'étude britannique Recovery a examiné la mortalité à 28 jours chez 4716 patients Covid-19 hospitalisés. — © George Frey/REUTERS

L’hydroxychloroquine (HCQ) n’a aucun effet bénéfique significatif dans le traitement du Covid-19 à l’hôpital. Ce n’est pas la première fois que des scientifiques arrivent à cette conclusion, mais la dernière d’entre elles, parue dans The New England Journal of Medicine, vient de la vaste étude britannique Recovery. Il s’agit autrement dit d’un résultat majeur au sujet de ce médicament, dont l’efficacité n’a jusqu’à présent pas été prouvée.

Les responsables de l’essai Recovery avaient, dès le 5 juin, pris la décision d’arrêter le bras testant l’hydroxychloroquine, ce qu’ils avaient faire connaître par voie de communiqué. Les résultats du jour en sont la parution en bonne et due forme dans une revue scientifique à comité de lecture.

Mortalité pas inférieure

L’essai clinique a consisté à examiner la mortalité à 28 jours chez 4716 patients Covid-19 hospitalisés. Un premier groupe de 1561 personnes a reçu de l’hydroxychloroquine, un autre de 3155 patients les soins habituels (usual care) en guise de contrôle.

Les groupes ont été constitués en prenant en compte bon nombre de paramètres pour éviter les biais. Ainsi l’âge moyen des deux groupes était de 65 ans, avec des écarts types identiques – les sexes, origines ethniques et degrés de gravité de la maladie (notamment la présence d’assistance respiratoire) ont été représentés équitablement dans les deux groupes.

A la fin de la période de 28 jours, un quart des patients de chaque groupe étaient décédés (27% et 25% respectivement), suggérant «que parmi les patients hospitalisés pour cause de Covid-19, ceux qui ont reçu de l’hydroxychloroquine n’ont pas eu un taux de décès plus bas que ceux qui ont reçu les soins usuels après 28 jours», concluent les auteurs de cette collaboration coordonnée par l’Université d’Oxford.

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Fortes doses administrées

Parmi les résultats secondaires, les auteurs notent une durée médiane d’hospitalisation plus longue dans le groupe HCQ (16 jours contre 13) ainsi qu’une progression de maladie plus importante, évaluée par le risque de recourir à une assistance respiratoire au cours de l’hospitalisation.

Avec 2400 milligrammes (mg) en 24 heures puis 800 mg par jour, l’importante dose de sulfate d’hydroxychloroquine – la molécule sous forme de sels – administrée aux patients avait suscité des interrogations. De telles quantités sont cependant valides dans le cas d’essais cliniques, où les scientifiques utilisent de fortes doses afin de maximiser les chances d’observer des effets, s’ils existent.

A noter que l’essai ne dit rien sur l’usage préventif de l’HCQ, ou chez des patients non hospitalisés, soulignent les auteurs. Son usage a cependant été largement réduit dans plusieurs pays, et les prochains résultats d’un autre essai, Solidarity, ne devraient pas changer la donne.