Les animaux badass, késako? Si vous cherchez les problèmes avec ces bestioles, vous allez les trouver. A coups de cornes, de griffes ou de venin, ce sont des êtres féroces, au comportement qui force le respect. Bienvenue chez eux, en saison 2 après l’été 2017

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Question badass, Batman en connaît un rayon. Orphelin solitaire, justicier nocturne, briseur de fémurs mais surtout, homme chauve-souris: avec ces incarnations de la nuit, Bruce Wayne a bien choisi son totem. Rien n’est plus badass qu’un vampire… Sauf, bien entendu, les créatures qui sucent le sang des vampires: les réduves.

Cette famille de punaises, communément appelées punaises assassines, compte parmi ses membres de redoutables assassins. Et pour tomber sur leurs proies, les réduves n’ont guère besoin de grappins, de batarang ou de ceinture garnie de gadgets hors de prix. Une simple trompe incurvée – ou rostre – leur suffit. Il faut dire que cet appendice est un véritable poignard.

Un documentaire réalisé par les musées de la Smithsonian Institution montre un des membres de cette famille, Pristhesancus plagipennis, à l’attaque. Perchée sur une branche, la punaise rouge et noire se déplace avec la souplesse d’un ninja. Une fois sa proie à portée, elle bondit sans un bruit et l’attrape avec ses pattes avant. C’est alors qu’elle la poignarde de son rostre. Le venin que le réduve injecte à sa victime la liquéfie de l’intérieur. Pratique, l’arme du crime se transforme ensuite en paille, lui permettant de siroter tranquillement son repas.

Sans connaître précisément l’âge de Batman, on sait qu’il aura fallu à Bruce Wayne plus d’une décennie pour vaincre sa peur des chauves-souris. La performance impressionne peut-être, mais elle fait bien rire les réduves. Dès le stade de nymphe, soit l’étape intermédiaire entre la larve et l’individu final, certains d’entre eux sont déjà capables de vampiriser les vampires.

Dans un autre documentaire réalisé par le National Geographic, filmé au fond d’une caverne dans laquelle même Batman n’aurait osé s’aventurer, on voit ainsi l’un des membres de cette famille d’assassins se repaître du sang d’une chauve-souris environ vingt fois plus grande. Comble du raffinement et de la sournoiserie, le rostre injecte un anesthésiant dans les tissus de la victime, si bien que la malheureuse se vide de son sang sans ressentir de douleur.

Réduve masqué

«Certains réduves sont vraiment cool, s’enthousiasme Denise Wyniger, courageuse entomologiste bâloise. En plus de nous débarrasser des araignées et d’autres insectes, ils font le ménage», rit-elle. La biologiste fait notamment référence au réduve masqué, Reduvius personatus. Oui, lui aussi peut porter un masque, mais en aucun cas pour protéger son identité comme certains chiroptères… Les réduves masqués utilisent de petits peignes qu’ils ont au bout de leurs pattes pour se fabriquer un masque sur mesure.

Ils sécrètent une substance gluante qui accroche ainsi la poussière présente dans la maison et les dissimule aux yeux de leurs proies. Dans la nature, ils peuvent utiliser des morceaux de la carapace vide de leurs victimes pour se fabriquer un masque, façon Hannibal Lecter. Surveillez bien votre plancher. «Si vous voyez des tas de poussière se balader chez vous, ce sont peut-être des réduves», explique Denise Wyniger. Des réduves qui font le ménage? Dans une famille d’assassins, ce n’est pas si surprenant.

«C’est vrai que certains d’entre eux peuvent se transformer en de vrais imposteurs, raconte Denise Wyniger. Ils se cachent parfois sur des fleurs, attendant qu’une abeille passe… en embuscade.» Ce type de réduve qui semble apprécier les arômes floraux et sucrés des entrailles des abeilles est d’ailleurs appelé… tueur d’abeille.

Réduve au bois dormant

Masqués ou non, les réduves ne crachent pas sur un peu de sang humain de temps en temps. Certains membres de la famille comme les Triatominae, plus communément connus sous le nom de triatomes ou encore de kissing bugs en Amérique où ils ont leurs habitudes, en raffolent même.

Installée dans le matelas, la punaise vampire se repose pendant la journée, attendant patiemment le retour de son menu. Quand la lumière du jour se dissipe, elle commence à avoir faim. La nuit venue, le dioxyde de carbone exhalé par les humains assoupis la guide jusqu’à son assiette. Le triatome se faufile ainsi silencieusement vers la tête, le visage, puis se rapproche des lèvres… et les embrasse.

Le prédateur nocturne rejoue La belle au bois dormant, mais plutôt que de vous réveiller, ils pourraient au contraire vous plonger dans un sommeil… éternel. Vecteur d’un parasite responsable de la maladie de Chagas, la punaise infecte environ 300 000 personnes par an et la maladie entraîne 13 000 décès, selon les statistiques de l’Organisation mondiale pour la santé. Au stade chronique, les malades souffrent de terribles maladies cardiaques. Et les réduves y sont complètement insensibles: ces tueurs nocturnes n’ont pas de cœur, évidemment…